Air France-KLM, un nouveau géant du transport aérien

Air France et KLM ont annoncé mardi être "sur le point" de conclure un accord qui leur permettra de constituer l'une des premières compagnies aériennes mondiales. Au terme de l'opération, la compagnie française sera privatisée.Comme attendu, le rapprochement prendra la forme d'une offre publique d'échange d'Air France sur KLM. Selon le communiqué conjoint publié par les deux groupes, le nouvel ensemble prendra le nom d'Air France-KLM et "s'appuiera sur la force et la complémentarité des marques, des hubs et des réseaux des deux compagnies".L'offre d'échange ramènera la part de l'Etat français dans Air France de 54 à 44%, entraînant donc mécaniquement la privatisation de cette dernière. Le nouveau groupe sera ainsi à terme détenu à 44% par l'Etat français, 37% par les autres actionnaires d'Air France et 19% par ceux de KLM, soit un peu plus que les 15% couramment évoqués jusqu'ici. Commentant cet accord, le ministre des Transports Gilles de Robien a précisé que, à terme, "la participation de l'Etat français dans Air France sera réduite nettement en dessous de 20%", et cela "en fonction des marchés et d'un calendrier qui n'est pas aujourd'hui fixé". L'OPE valorise la compagnie néerlandaise à 784 millions d'euros et fait ressortir une prime de 40% comparé au cours de clôture de KLM lundi. Air France offrira 11 actions et 10 bons de souscription contre 10 actions KLM, ce qui correspond à une valeur indicative de l'action KLM de 16,74 euros. L'opération sera financée par une augmentation de capital d'Air France de 624 millions d'euros.SynergiesSelon le communiqué, le rapprochement entre les deux compagnies devrait dégager un impact positif de 385 à 495 millions d'euros sur le résultat opérationnel dès la cinquième année, tandis que KLM devrait faire des économies annuelles de 650 millions à partir de 2005. Le communiqué précise que les deux compagnies attendent de réaliser des synergies "grâce à une optimisation des réseaux, un meilleur redéploiement des activités Passage et Cargo, une offre élargie dans les activités de Maintenance, ainsi que des économies de coûts en matière d'approvisionnement, de distribution commerciale et d'informatique. Les clients bénéficieront également de ces synergies à travers un réseau élargi, des prix attractifs et un service amélioré sur l'ensemble des destinations du nouveau groupe". Une holding détiendra les deux compagnies opérationnelles : Air France et KLM. Pendant trois ans, elle ne possèdera que 49% des droits de vote de KLM, les 51% demeurant dans les mains du gouvernement du Pays-Bas et de deux fondations, l'objectif étant de "préserver les droits de trafic internationaux de KLM" (lire ci-contre).La signature de l'accord final n'est prévue que pour le 15 octobre. L'offre publique d'échange sera lancée dans la première quinzaine de mars 2004, pour s'achever début avril.Skyteam, leader mondialIntervenant à l'occasion d'une conférence de presse tenue à Amsterdam, Jean-Cyril Spinetta, appelé à présider le nouveau groupe, a affirmé que, du fait du rapprochement entre Air France et KLM, la compagnie néerlandaise "rejoint automatiquement Skyteam". "En supposant que Northwest et Continental (NDLR: déjà partenaires de KLM) suivent, notre alliance deviendra un leader mondial avec Star", l'alliance constituée autour de l'allemand Lufthansa, a-t-il ajouté. Skyteam, créé en juin 2000, rassemble actuellement AeroMexico, Air France, Alitalia, CSA Czech Airlines, Delta Airlines et Korean Air. Le président d'Air France a également précisé qu'aucun licenciement n'était envisagé dans les deux compagnies.Par ailleurs, il se confirme que l'accord à deux est appelé à devenir rapidement un accord à trois, incluant la compagnie italienne Alitalia. Celle-ci a annoncé ce matin avoir signé un accord qui prévoit la possibilité de négocier son entrée dans la nouvelle entité Air France/KLM, après la privatisation du groupe italien. En outre, Air France, KLM et Alitalia ont signé ce matin un accord industriel trilatéral, tandis que KLM et Alitalia signaient de leur côté un accord de coopération commerciale bilatéral. L'accord trilatéral "couvre une coopération étendue d'Alitalia avec le nouveau groupe Air France-KLM et vise l'intégration accélérée des activités cargo des trois transporteurs", a annoncé Jean-Cyril Spinetta. Quant à l'accord bilatéral, il porte "sur une coopération commerciale au sein de l'alliance Skyteam".En Bourse, les réactions témoignent d'une certaine prudence de la part des investisseurs. A la réouverture des cotations - retardée d'une demi-heure - l'action KLM s'est certes envolée de plus 20%, montant jusqu'à 14,42 euros. Un chiffre qui demeurait cependant loin de sa valeur théorique dans l'offre d'Air France. Et en fin d'après-midi, elle ne gagnait plus que 12,54%, à 13,46 euros. Quant à Air France, son titre chute de 4,16%, à 13,12 euros, les investisseurs s'inquiétant du prix payé pour la prise de contrôle de KLM.
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