Le groupe Lagardère a plongé dans le rouge en 2002

Programmée de longue date, la publication des résultats 2002 du groupe Lagardère est intervenue ce matin, trois jours après la disparition de Jean-Luc Lagardère, le fondateur du groupe. Comme prévu, les chiffres publiés font apparaître une dégradation sensible du résultat net consolidé part du groupe, qui affiche une perte de 291 millions d'euros pour 2002, contre un bénéfice de 616 millions au titre de 2001. Marqués par les contrastes entre les bonnes performances des activités médias et celles, moins enthousiasmantes, de la branche aéronautique avec EADS, les comptes 2002 subissent également le poids des déboires de la construction automobile. Matra Automobile, en train de cesser ses activités, est ainsi à l'origine d'une charge exceptionnelle de 266 millions d'euros, correspondant à la restructuration en cours.Au titre de l'exercice écoulé, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 13,216 milliards d'euros, contre 13,295 milliards un an plus tôt. La branche Lagardère Media a vu son activité progresser de 5,6%, avec un chiffre d'affaires de 8,095 milliards. Son résultat d'exploitation a crû de façon soutenue, gagnant 9% à 385 millions d'euros. Un chiffre supérieur aux attentes des analystes du consensus Reuters, qui tablaient sur 369 millions d'euros.La branche Livre, souligne le groupe, "réalise une excellente performance dans quasiment tous les segments de l'édition aussi bien en France qu'en Grande-Bretagne". Son résultat d'exploitation augmente de 40%. Hachette Distribution Services voit son résultat progresser de près de 9%, "malgré le coût de développement du réseau Virgin Megastore en France". Au total, le groupe affirme que "la très belle progression du résultat d'exploitation de Lagardère Media tient aux qualités de son portefeuille d'activités, ainsi qu'à la mise en oeuvre déterminée des plans de réduction des coûts et d'accélération de la croissance".EADS, en revanche, n'a pas profité d'une évolution aussi favorable. Pénalisé par la mauvaise conjoncture du transport aérien, le groupe, qui a livré 303 Airbus en 2002 contre 325 un an plus tôt, a vu son chiffre d'affaires se replier. Consolidé à hauteur de 15,10% dans les comptes de Lagardère, EADS a apporté en 2002 une contribution de 63 millions d'euros au résultat d'exploitation, contre 104 millions en 2001.L'automobile, pour sa part, s'est effondrée l'année dernière, avec l'arrêt de la production de l'Espace par Matra Automobile et l'échec de l'Avantime. Le chiffre d'affaires a chuté de 31,4%, tandis que le résultat d'exploitation s'est établi à 7 millions d'euros, après 66 millions en 2001.Au total, le résultat d'exploitation consolidé du groupe s'est élevé à 440 millions d'euros, contre 514 millions un an plus tôt.Différents éléments exceptionnels sont venus grever les comptes du groupe. La participation de Lagardère dans T-Online a fait l'objet d'une dépréciation de 278 millions d'euros, en sus des 157 millions provisionnés en 2001. Et la fermeture programmée de Matra Automobile a donc été provisionnée à hauteur de 266 millions d'euros.Aucun commentaire sur les perspectives du groupe pour 2003 ne figurant dans le communiqué publié lundi matin, il revenait à Arnaud Lagardère, qui se retrouve aux commandes du groupe depuis la mort de son père, vendredi dernier, de s'exprimer sur ce point lors de la présentation des résultats, dans la matinée. Après avoir évoqué la mémoire de Jean-Luc Lagardère et affirmé qu'il "poursuivrait son chemin avec détermination", son fils a annoncé prévoir pour 2003 une croissance du résultat d'exploitation du groupe comprise au pire entre 0 et 2%, et au mieux supérieure à 6%, suivant la conjoncture économique internationale et les risques géopolitiques.Au chapitre des orientations stratégiques du groupe, sur lequel il était très attendu, Arnaud Lagardère a écarté toute perspective de cession imminente de sa participation dans EADS. "Il n'est pas question d'avoir quelque ambiguité que ce soit sur EADS d'ici le lancement de l'A 380", a-t-il ajouté. En ce qui concerne les activités médias, Arnaud Lagardère a affirmé ne pas avoir pris de "décision définitive" sur le rachat de la société de production Expand (détenu par le Groupe Canal Plus). Une décision devrait cependant être "imminente", a-t-il précisé. Concernant son souhait éventuel de racheter Canal Plus, Arnaud Lagardère a fait remarquer que le groupe de télévision n'est pas en vente, "mais si les choses évoluent, pourquoi pas?". A l'inverse, il s'est déclaré "pas très excité" par une reprise de la participation de Suez dans M6. Au sujet de Multithématiques, qu'il détient aux côtés de Canal+, M. Lagardère a déclaré que "l'équipe dirigeante avait fait de très bons choix". "L'entreprise va beaucoup mieux, la rentabilité d'exploitation sera là en 2003. Je me sens un peu moins forcé à une cession imminente de Multithématiques", a-t-il ajouté. En Bourse, l'action, qui avait gagné 11,70% vendredi, progresse de nouveau ce lundi, à la faveur de la flambée des marchés. En fin d'après-midi, elle gagne 5,07% à 36,90 euros.
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