L'heure du bilan

Vendredi 16 mai, 18 heures : feu vert du Conseil d'Etat. Six mois jour pour jour après avoir annoncé son projet d'offre publique sur la banque au lion, le Crédit agricole voit se lever le dernier obstacle à cette opération qui aura finalement été bien plus compliquée que prévu. Ces longues semaines auront notamment mis en lumière les failles de la législation française en matière économique et financière. Il est quand même assez surprenant de parvenir au constat que les opérations de rapprochement dans ce domaine ne sont soumises à aucun contrôle de concurrence. Un vide juridique sidérant que le gouvernement s'est promis de combler au plus vite, mais sans encore être capable à ce jour de préciser dans quel sens... Désavoué par le Conseil d'Etat, Bercy fera-t-il cette fois preuve de plus d'à-propos ? Le deuxième enseignement de ces six mois concerne ensuite le Crédit agricole. Après avoir bien mal engagé la bataille en se faisant souffler la participation de l'Etat par BNP Paribas, la banque verte s'est bien reprise, au prix de quelques réaménagements au sein de ses organes dirigeants. A trop vouloir obtenir le consensus, un règle d'or dans la maison, les dirigeants de la banque ont failli signer un magistral raté. René Carron, nouvel homme fort du groupe, doit désormais incarner un nouveau mode de gouvernance, et en assurer l'efficacité. Une rude tâche compte tenu de l'organisation du groupe où les "filles", en l'occurrence les caisses régionales, sont propriétaires de la "mère", la société cotée Crédit agricole SA. Enfin, dernier enseignement, l'opération Crédit agricole/Lyonnais illustre qu'il est toujours difficile, sinon impossible, de mener à bien une offre hostile dans le secteur bancaire français. Après s'être cassé les dents sur la Société Générale, Michel Pébereau a dû se rendre à l'évidence et ne pas pousser l'avantage qu'il avait habilement pris début décembre. La mariée se refusant à lui, et son cours de Bourse marquant le pas, BNP Paribas doit se contenter d'encaisser une plus-value de 100 millions d'euros et peut afficher la satisfaction d'avoir fait singulièrement monter les enchères.
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