Les absents ont toujours tort...

Une chose est sûre, les neuf personnes renvoyées devant le tribunal correctionnel de Paris (anciens dirigeants, représentants des autorités de tutelle et commissaires aux comptes) et qui comparaissent jusqu'au 12 février n'ont pas souhaité le report du procès. Et ce malgré l'irruption d'éléments "nouveaux" tirés d'une expertise réalisée à la demande de la Cour de justice de la République (CJR). La justice, selon les voeux du procureur Yves Bot, ne sera donc pas"aveugle". Est-ce certain ? La procédure judiciaire française est ainsi faite que les responsables politiques ne peuvent comparaître devant une juridiction de droit commun pour les actes commis dans le cadre de leurs fonctions. Or le Crédit Lyonnais était une banque publique, à une époque où l'interventionnisme d'Etat n'était pas un vain mot. Il n'empêche, ancien ministre des finances, Michel Sapin ne s'expliquera pas devant les juges de la 31ème chambre. Quant à son prédecesseur, Pierre Bérégovoy, il n'est plus de ce monde. Déjà, lors du procès sur le raid manqué sur la Société Générale, une part d'ombre est demeurée sur le rôle qu'avaient ou non à l'époque joué le ministre des Finances et son entourage. Dans l'affaire Crédit Lyonnais, un autre témoin clé a également disparu depuis: Jean-Louis Butsch, secrétaire général de la Commission bancaire, dont le nom revient à de multiples reprises dans l'ordonnance de renvoi signée par le juge Philippe Courroye et dans l'expertise réalisée à la demande de la CJR. L'ombre de ces absents planera inévitablement sur les débats. Toute la vérité, rien que la vérité, jure-t-on au cours des procès aux Etats-Unis. Mais ici, en France, entre ceux qui ont disparu, ceux qui ont perdu la mémoire (un des commissaires aux comptes, trop âgé, ne pourra pas assister aux débats) et ceux qui ont intérêt à se défausser, il est à craindre que la justice ait bien du mal à établir les responsabilités. Et si ce procès, emblématique des dérives d'une certain époque, ne tient pas ses promesses, elle n'en sortira, hélas, pas grandie.
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