Alstom perd la moitié de sa valeur en Bourse

Le plan "Restore Value" présenté au printemps dernier devait permettre à Alstom de retrouver sa rentabilité et la confiance des marchés. Mais depuis mars 2002, l'action a continué de s'enfoncer. C'est certainement ce constat (et aussi le souhait de tourner la page de l'ère Bilger) qui a amené le PDG, Patrick Kron, à annoncer un nouveau plan pour le groupe industriel français.Et force est de constater qu'il vise une restructuration d'ampleur, puisque le groupe va ni plus ni moins sortir de l'activité transmission et distribution et de l'activité turbines à gaz pour se concentrer sur l'énergie et les transports. "Les activités stratégiques d'Alstom, la production d'énergie et le transport, offrent de bonnes perspectives de croissance à long terme et des opportunités intéressantes de développement", se justifie-t-il dans un communiqué. Bref, alors que le plan Restore Value ne prévoyait que 1,6 milliard de cessions, le groupe espère maintenant recueillir quelques 3 milliards d'euros d'ici deux ans. Le but est bien évidemment de réduire l'endettement qui culminait à 5,3 milliards d'euros en mars 2002. C'est également dans cette optique qu'Alstom compte améliorer sa performance opérationnelle. Les 250 millions d'économies annuelles prévues par "Restore Value" sont loin. L'objectif est désormais de 500 millions d'ici deux ans.A terme, c'est donc un groupe totalement transformé (voir ci-dessous) que souhaite présenter Patrick Kron. Comme programmée par l'ancien plan, la marge opérationnelle devrait s'élever à 6% d'un chiffre d'affaires attendu à 15 milliards d'euros. L'endettement serait quant à lui ramené à 2,5, voire 2 milliards d'euros. Certes, il faudra tenir jusque là. Mais pour cela, Alstom a annnoncé disposer de liquidités suffisantes, grâce notamment à une ligne de crédit d'un milliard d'euros.A première vue, les mesures pourraient donc paraître convaincantes pour l'actionnaire. Pourtant, à Paris, l'action Alstom atteint de nouveaux planchers. A la clôture, elle plonge de 50%, à 1,35 euro. C'est que, mis à part quelques doutes sur la stratégie adoptée, le marché se montre inquiet après deux nouvelles de bien mauvais augure.D'abord, les retards rencontrés dans les turbines et les trains au Royaume-Uni vont entraîner une provision supplémentaire de 1,35 milliard d'euros, qui va faire plonger le résultat annuel 2002/2003 (à fin mars) à -1,3 ou -1,4 milliard d'euros.Enfin, et c'est bien là que se situe le point douloureux, après les 617 millions d'euros levés en mai dernier, Alstom va de nouveau faire appel au marché, pour un montant de 600 millions d'euros. Or, les conditions ont changé. Déjà en mai 2002, l'élargissement de près de 30% du capital paraissait élevé. Mais, aux cours de mardi soir, la proportion est encore plus impressionnante puisque la capitalisation boursière du groupe n'était plus que de 760 millions. "La dilution sera énorme", conclut un vendeur contacté par Reuters.Olivier DecarreL'évolution du périmètre d'AlstomActuellement, Alstom est regroupé en 4 branches qui ont réalisé plus de 23 milliards de chiffre d'affaires l'an passé. La division "power" (52,6% du chiffre d'affaires à fin décembre) fabrique des équipements de production d'énergie. C'est ici qu'est logée l'activité de turbines mise en vente. Le pôle "transmission et distribution" (16,9%) fournit des systèmes d'acheminement de l'électricité. La branche "transport" (22,8%) produit du matériel ferroviaire. Et la division "marine" (6,7%) construit des navires. La cure d'amaigrissement devrait donc ramener le chiffre d'affaires à 15 milliards d'euros, pour un groupe recentré sur l'énergie (sans les turbines) et le transport. Enfin, comme l'annonçait La Tribune (voir ci-contre), la branche marine pourrait faire l'objet d'un rapprochement avec la DCN.
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