S'il voit le jour, le rapprochement entre Air France et KLM restera dans les mémoires comme une alliance âprement discutée. Alors que les deux compagnies semblaient mardi sur le point de conclure un accord, elles décidaient dans la soirée d'annuler les conseils d'administration prévus pour ce mercredi et censés entériner le mariage. Ce matin, dans des communiqués publiés simultanément à Paris et Amsterdam, les deux compagnies aériennes ont ainsi confirmé avoir engagé "des discussions approfondies en vue d'une coopération intensive et de l'entrée simultanée de KLM dans l'alliance Sky Team". Mais les deux entreprises ont ensuite précisé que "certains éléments importants de l'accord restent encore en discussion".Cet après-midi, lors d'un comité central d'entreprise, Jean-Cyril Spinetta a évoqué devant les représentants des salariés l'état des négociations. D'après un délégué CFDT présent à ce CCE, le PDG d'Air France aurait indiqué que les deux compagnies étaient d'accord sur "les grands principes" du rapprochement. Selon François Cabrera, le PDG d'Air France aurait évoqué la possibilité de créer "des liens capitalistiques forts", ce qui pourrait se traduire par la création d'une holding coiffant les deux compagnies. Le scénario le plus fréquemment évoqué jusqu'ici fait état d'une prise de contrôle de KLM par Air France, en échange de quoi les actionnaires de la compagnie néerlandaise recevraient 15% de la compagnie française. Lors du CCE, Jean-Cyril Spinetta n'a pour sa part fourni aucun calendrier pour ce rapprochement, pas plus qu'il n'a donné de précisions chiffrées sur le niveau des participations croisées. Déjà complexe, ce dossier l'est devenu encore un peu plus avec l'irruption d'Alitalia. La compagnie italienne caresse l'espoir de voir le duo annoncé Air France/KLM se convertir en un trio. Mardi soir, Silvio Berlusconi affirmait que son gouvernement restait déterminé à accélérer la privatisation d'Alitalia, dont l'Etat détient encore 62%. Le président du conseil italien a ajouté qu'une alliance entre le Français et le Néerlandais pourrait être élargie à Alitalia. Ce matin, un porte-parole de KLM cité par Reuters précisait néanmoins qu'aucune discussion approfondie n'était engagée avec la compagnie italienne, "la situation actuelle étant déjà assez complexe". Preuve de l'importance politique de ce dossier néanmoins, le patron d'Air France et l'administrateur d'Alitalia ont déjeuné ensemble ce midi à Matignon avec le directeur de cabinet adjoint de Jean-Pierre Raffarin. Si elle n'est pas écartée, la perspective de voir Alitalia rejoindre l'éventuelle alliance Air France-KLM devrait "être étudiée plus tard", a quant à lui indiqué le patron d'Air France devant les élus du CCE.En Bourse, les investisseurs réagissent très diversement à ces derniers rebondissements. A Paris et Amsterdam, c'est l'inquiétude qui prédomine. Le risque de voir l'alliance capoter pèse sur les cours. En fin de journée, le titre Air France cède 1,13% alors que KLM décroche nettement, de 6,95%. A l'inverse à Milan, les marchés saluent l'éventualité de voir Alitalia s'arrimer au tandem que formeraient Air France et KLM: l'action s'envole de 11,55%, après avoir déjà progressé de plus de 2% mardi.

latribune.fr

20 Oct 2008, 1:29

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