Air France réduit ses capacités en raison de la guerre

Les effets du conflit irakien commencent à se faire durement ressentir dans le secteur aérien. Mercredi soir, Air France a annoncé qu'il allait réduire de 7% ses capacités au mois d'avril tout en "maintenant l'ensemble des destinations offertes à ses clients". Dans son communiqué, le groupe précise que "le déclenchement de la guerre irakienne a accéléré la détérioration du marché observée depuis le début du mois de mars tant en termes de trafic que de recette unitaire".Autre mesure: la compagnie a indiqué qu'elle reportait la livraison de 7 avions prévue à l'automne. Ce qui, avec la réduction des investissements au sol, devrait ramener sous le milliard d'euros ses investissements nets globaux en 2003-2004 (l'exercice de la compagnie se termine en mars).Enfin, bien que se terminant lundi prochain, l'exercice 2002-2003 ne devrait pas avoir été épargné. Compte tenu de l'aggravation récente de la conjoncture économique, le groupe a averti qu'il n'était plus certain "de tenir son objectif d'un résultat d'exploitation supérieur à celui de l'an dernier".British Airways, Lufthansa, Finnair également affectésLe cas d'Air France est loin d'être isolé. Ayant tiré les enseignements du passé (notamment de la crise du 11 septembre), British Airways tente aussi de devancer les difficultés à venir. Mercredi matin, la compagnie a ainsi annoncé qu'elle décidait, comme l'a également fait la Lufthansa, de réduire ses capacités de vol. Dans un premier temps, il s'agit pour BA de réduire les capacités de 4% en avril et mai. Pour tenir cet objectif, la compagnie va supprimer des vols et utiliser des avions de plus faible capacité. Ces mesures concernent les vols transatlantiques et les vols à destination du Proche-Orient. Dans un communiqué, British Airways précise être "toujours en train d'évaluer l'impact (de la guerre en Irak, ndlr) sur la demande, mais l'ensemble du secteur ressent les conséquences de ce conflit depuis plusieurs semaines". Pour Rod Eddington, directeur général de BA, "il s'agit d'une période difficile et nous savons par expérience qu'il est crucial de faire des économies dans ce genre de contexte". British Airways va également accélérer le déroulement de son plan de restructuration lancé en 2001. Ce programme, qui prévoyait initialement la suppression de 13.000 emplois à l'horizon de mars 2004, sera finalement achevé avec six mois d'avance, en septembre 2003. Depuis août 2001, "9.740 emplois ont été supprimés", souligne la compagnie aérienne. Faire des économies, c'est aussi la priorité de Finnair. La compagnie finlandaise a annoncé lundi son intention de supprimer 1.200 emplois, soit 11% de ses effectifs afin de répondre à la baisse de fréquentation de ses lignes. De fait, toutes les compagnies, à l'exception notable des "low-cost", sont contraintes de trouver des parades à la dégradation de la conjoncture. Dans un premier temps, les compagnies avaient décidé d'augmenter leurs tarifs afin de palier la chute des réservations. Aujourd'hui, les plus exposées réduisent également leurs capacités.Les compagnies américaines demandent un nouveau soutienCe mouvement n'est pas propre à l'Europe. Aux Etats-Unis, Delta Air Lines, United Airlines et Northwest Airlines procèdent aussi à des réductions de capacité. D'autres comme Hawaiian Airlines perdent carrément pied. La 12ème compagnie aérienne américaine s'est placée samedi sous la protection de la loi sur les faillites. Elle a été suivie par la compagnie colombienne Avianca, qui, avec sa filiale américaine, a elle aussi recours au désormais célèbre chapitre 11. Dans ce contexte, les dirigeants des compagnies aériennes tournent leurs regards vers les Etats. Aux Etats-Unis, les sénateurs républicains ont déjà fait savoir qu'ils étaient prêts à aider les compagnie aériennes américaines. Celle-ci espèrent obtenir 13 milliards de dollars, dont 4 pour la sécurité. Après le 11 septembre, le Congrès avait voté une assistance de 15 milliards de dollars, dont 5 milliards d'aides directes et 10 milliards sous forme de garantie de crédit. En Europe, Bruxelles a indiqué envisager d'aider le transport aérien. D'après l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), le transport aérien pourrait subir des pertes de 10 milliards de dollars en raison de la guerre avec l'Irak. S'il se prolonge, ce conflit, outre des baisses de fréquentation, va entraîner pour les compagnies aériennes des surcoûts en matière de sécurité mais aussi en ce qui concerne les approvisionnements en kérosène.Jeudi, en Bourse, les titres de la majorité des grandes compagnies européennes sont dans le rouge. A l'heure de la clôture de Paris, Air France se replie de 5,13%, BA perd 4,24% et la Lufthansa abandonne 2,71%.Enfin, bien que les reports décidés par Air France ne concernent pas des appareils commandés auprès d'Airbus, EADS est également affecté par l'annonce la compagnie. L'action recule de 5,45%. Une porte-parole d'Airbus nous a confirmé que la commande de 5 A318 livrables en fin d'année est maintenue et que, pour l'avionneur européen, les discussions portent uniquement sur des livraisons prévues pour le début d'année prochaine.
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