Suez boit la tasse

Plus forte baisse du SRD en clôture mardi, avec - 8,42% à 13,60 euros, l'action Suez accuse un sacré plongeon. Plusieurs éléments peuvent expliquer ce sévère décrochage. D'une part, des rumeurs de marché attribuent à Suez l'intention de piloter à la baisse le consensus sur ses résultats. Cette rumeur a été immédiatement démentie par la direction du groupe qui a ajouté ne pas envisager "de communiquer sur les résultats ou le chiffre d'affaires avant leur publication". Toujours est-il que ce matin, BNP Paribas a abaissé sa recommandation sur Suez, la faisant passer de "neutre" à "sous-performer". D'autre part, cette dégradation intervient au moment où le groupe spécialisé dans les services aux collectivités confirme avoir renoncé au contrat de 330 millions d'euros signé en mai 2002 pour la gestion des eaux usées de Halifax au Canada.Lors de sa conclusion, cet accord, qui comprenait "l'ingénierie, la construction et l'exploitation de trois usines de traitement et du système de collecte des eaux usées" pour les 380.000 habitants de la ville, avait été présenté par la direction de Suez comme "le plus important de ce type en Amérique du Nord". Mais, après plus d'un an de négociations avec la municipalité sur le cahier des charges, Suez est contraint de jeter l'éponge. La ville d'Halifax exigeait de Ondeo, filiale de Suez, qu'elle s'engage sur une eau de qualité irréprochable. Or, les études menées ont démontré que l'état de pollution des eaux usées était bien plus important qu'initialement prévu. Dans ces conditions, le groupe aurait dû supporter un risque trop important en raison des pénalités infligées en cas d'accident. Le groupe tente néanmoins de rassurer les investisseurs en précisant à Reuters que ce revirement n'aura pas d'impact sur son chiffre d'affaires 2003. Cependant, dans un contexte économique difficile caractérisé par la raréfaction des gros contrats, le retrait de Suez de ce marché suscite des interrogations. D'autant que le groupe a déjà dû renoncer à deux projets (Atlanta et Manille) et connaît des difficultés en Argentine.Cette morosité s'est d'ailleurs traduite dans les comptes de Suez. L'année 2002 s'est soldée par une perte nette de 864 millions d'euros. L'activité de Suez avait notamment été plombée par des provisions massives pour couvrir le risque argentin ainsi que des dépréciations d'actifs. Lors de la présentation de ces résultats, Suez s'était borné à espérer que 2003 serait l'exercice de la consolidation. "Nos priorités pour 2003-2004 sont claires: améliorer et sécuriser la rentabilité du groupe, renforcer la solidité financière", avait insisté le PDG, Gérard Mestrallet. Pour Suez, il s'agissait surtout de s'atteler à la mise en place du plan d'action pour 2003-2004 annoncé début janvier, qui vise une réduction de sa dette d'un tiers, une politique de réduction des coûts portant sur 500 millions d'euros dès 2003 et un ralentissement du rythme des investissements.
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