"Le risque générique fait moins peur aux investisseurs"

Comment analysez-vous la reprise du secteur pharmaceutique en Bourse au cours de ces dernières semaines ?C'est une reprise toute relative. La hausse est en ligne avec celle de l'Euro Stoxx 600 et s'il est vrai que l'hémorragie semble stoppée, les actions restent nerveuses et réagissent encore fortement au flux d'information. Je considère néanmoins que dans les mois à venir, les nouvelles devraient être plutôt bonnes sur le secteur et que l'on peut s'attendre à un mouvement plus positif. Peut-on cependant dire que le secteur reste "défensif" ?Depuis une dizaine d'année, la pharmacie est soumise à des cycles qui amplifient le mouvement du marché. Après une hausse spectaculaire entre 1996 et 1998, la chute a été très marquée pour les actions du secteur depuis 2001. Cette mauvaise performance reste cependant à relativiser. Un autre secteur, avec le même afflux de mauvaises nouvelles, aurait sans doute été plus sanctionné. C'est pourquoi je pense que la pharmacie reste un secteur défensif par rapport au marché, même si elle a perdu cette image défensive. N'oublions pas qu'il n'est pas rare de voir un laboratoire continuer à afficher de la croissance malgré la perte de plusieurs de ses brevets.Quel est désormais l'impact des génériques sur la valorisation des laboratoires ?La valorisation est toujours un compromis entre le risque générique et la perception du 'pipeline' - le flux des nouveaux médicaments en cours de mise au point. Il me semble toutefois que les opérateurs relativisent de plus en plus leurs craintes face à la concurrence des génériques. On a en effet désormais la preuve que ce risque peut être bien géré par les laboratoires. Du coup, je crois que la qualité du pipeline l'emporte aujourd'hui pour établir les valorisations dans le secteur. Ainsi, un groupe dont plusieurs brevets sont menacés, mais qui dispose d'un pipeline bien perçu, comme AstraZeneca, peut maintenir un niveau élevé de valorisation. A l'inverse, Aventis, dont les brevets sont peu menacés, souffre de la mauvaise image de son pipeline.Quel serait le niveau normal de valorisation pour le secteur ? Il est évident qu'on ne peut s'attendre aux taux de croissance des bénéfices de jadis, autour de 10-15%. Un niveau de 7 à 8% en moyenne me semble plus raisonnable. Dans ce cadre, il paraît irréaliste d'envisager un retour aux niveaux de valorisation des années 1990 où les multiples cours sur bénéfices estimés (PE) étaient au-delà de 30. En revanche, un PE moyen du secteur aux alentours de 24-25, contre 18,5 aujourd'hui me paraît un niveau normal.Quel peut-être l'impact sur les laboratoires des évolutions législatives en matière notamment de déremboursement des médicaments ?Cela renforcera la concentration des laboratoires sur certaines classes de médicaments protégées par des brevets. On peut observer ce phénomène depuis 5 à 6 ans. Les groupes essaient désormais de se concentrer sur un portefeuille de 10, 15 ou 20 grands médicaments qui ne sont ni soumis à la pression légale sur les prix ni à la concurrence des génériques. Il subsistera certes toujours une gamme de produits plus concurrentiels, mais de façon plus marginale. Cette évolution suppose le recentrage des laboratoires sur des domaines thérapeutiques comme les anti-cholestérols, les antihypertenseurs, ou encore l'oncologie. Quels valeurs disposent, dans le secteur, des meilleures marges de progression ?Du côté des laboratoires français, je préfère encore Sanofi-Synthélabo à Aventis. Les choses pourraient cependant évoluer dès 2004. Le procès Plavix dès le premier trimestre de l'an prochain et la fin des brevets pour certains médicaments importants de Sanofi dès 2007 ou 2008 pourraient pénaliser ce dernier. A l'inverse, Aventis devrait bénéficier de bonnes nouvelles, notamment en ce qui concerne les autorisations de mise sur le marché. Pour la plupart des laboratoires européens, le problème du taux de change restera néanmoins central ces prochains mois.Ma valeur préférée reste Novartis, dont les comptes ont basculé en dollars et qui est donc à l'abri d'un effet de change négatif. En dépit de bons fondamentaux, le titre est rentré dans le rang ces dernières semaines après une bonne progression en 2002. Le pipeline est cependant de qualité. Une qualité renforcée par l'acquisition de deux produits actuellement en phase III. Novartis reste selon moi la société la mieux gérée au niveau européen.
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