Le luxe fragilisé aux premières heures de la guerre

Les chefs d'entreprises du secteur du luxe s'en souviennent sans doute: la première guerre du Golfe et la récession qui s'en était suivie avaient miné la confiance d'un secteur persuadé d'être à l'abri des crises économiques. Aujourd'hui, instruits par l'Histoire, tous savent que leur secteur devrait être affecté par les conséquences d'un conflit et ce d'autant que cette guerre intervient dans un contexte économique déjà morose.Richemont, numéro deux mondial du secteur derrière LVMH (propriétaire de La Tribune), en fait d'ailleurs l'amère expérience. L'action du groupe suisse a terminé la journée sur une chute de 7,16% après un "profit warning". Richemont (marques Cartier, Van Cleef & Arpels, Jaeger-LeCoultre, Baume & Mercier...) a souligné dans un communiqué que ses bénéfices pour 2002-2003 seront inférieurs aux attentes du marché. "Le résultat d'exploitation de l'exercice 2002-2003 (clos fin mars) sera en-dessous des attentes du marché et pourrait être inférieur de 40% à celui de 2001-2002", indique Richemont. Ce qui revient à dire qu'il pourrait avoisiner les 289 millions d'euros puisqu'en 2001-2002, le résultat d'exploitation de Richemont était de 482 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 3,86 milliards.Pour expliquer cette révision à la baisse de ses objectifs, la direction de Richemont évoque le recul de ses ventes aussi bien dans la joaillerie que dans l'horlogerie. Le groupe fait également les frais de la dépréciation du dollar et du yen face à l'euro, la monnaie de référence de Richemont, dans laquelle sont présentés les comptes. Effectivement, peut-être plus que par la morosité de la conjoncture, les industriels du luxe, qui produisent généralement en Europe, sont préoccupés des incidences d'une guerre sur le niveau du dollar et sur celui du yen. Des dépréciations trop importantes de ces monnaies auraient des conséquences à la fois sur les ventes de ces entreprises, en grevant le pouvoir d'achat des Américains et des Japonais, premiers consommateurs mondiaux de produits de luxe, mais aussi sur les bénéfices de ces sociétés dont environ la moitié des facturations est réalisée à l'exportation tandis que les coûts sont libellés en euros.Par ailleurs, avec la guerre, les flux touristiques vont sans doute diminuer et les industriels du luxe vont être privés d'une partie de leur clientèle, celle qui achète à l'occasion de voyages touristiques, profitant des achats hors taxes. Ce marché représente tout de même 15% des ventes mondiales du luxe.Dans ces circonstances, quelques heures après le déclenchement du conflit qui coïncide avec l'avertissement de Richemont, les valeurs du luxe s'inscrivent majoritairement en baisse à Paris : en clôture jeudi, LVMH cède 3,65%, Christian Dior décroche de 4,05% et Hermès recule de 4,10%. Aux Pays-Bas, Gucci résiste mieux en n'abandonnant que 0,55%.
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