EADS déçoit sur ses résultats mais maintient ses prévisions

Pas plus que Boeing, EADS, actionnaire à 80% d'Airbus, n'a été épargné par les sévères turbulences qui secouent le transport aérien. Au premier trimestre, le chiffre d'affaires du groupe s'est inscrit en recul de 14% à 5,5 milliards d'euros. Ce chiffre traduit l'impact conjugué de la dépréciation du dollar et de la diminution des livraisons d'Airbus au premier trimestre. Sur la période, l'Ebit du groupe (résultat opérationnel avant amortissement de la survaleur et exceptionnels) a subi une sévère érosion: -59%, à 130 millions d'euros. Cette performance est inférieure aux attentes des analystes, qui tablaient en moyenne sur un Ebit de 223 millions d'euros. La perte nette du groupe au premier trimestre s'établit à 93 millions d'euros, très nettement creusée par rapport au trou de 25 millions d'euros enregistré en 2002.Les résultats d'EADS reflètent bien évidemment très largement ceux d'Airbus puisque le chiffre d'affaires de cette division (3,8 milliards d'euros) a représenté au premier trimestre 69% de l'activité d'EADS. Le résultat opérationnel d'Airbus entre janvier et mars (Ebit) s'est monté à 166 millions d'euros (-58% par rapport au premier trimestre 2002). Dans son communiqué, EADS explique que "cette diminution résulte essentiellement de la hausse anticipée des dépenses de R&D (445 millions d'euros contre 320 millions d'euros au premier trimestre 2002) principalement liée au programme A380". Le groupe ajoute que "l'Ebit a également pâti de la baisse des livraisons : de janvier à mars 2003, Airbus a livré 65 avions, contre 72 au cours de la même période de l'année dernière".Sur le plan des prévisions, EADS garde le cap. La direction du groupe soutient être en mesure de tenir ses objectifs pour 2003, à savoir un chiffre d'affaires et un Ebit du même ordre qu'en 2002, soit respectivement 29,3 milliards d'euros et 1,42 milliard d'euros. Ces prévisions sont basées sur l'hypothèse qu'Airbus parviendra à livrer 300 appareils cette année. "Même si la fin des hostilités en Irak laisse augurer une embellie progressive du climat économique international, nous restons extrêmement prudents sur les conséquences éventuelles du SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère) sur le marché de l'aviation et sur l'évolution du ralentissement économique général", indiquent les co-président exécutifs du groupe, Philippe Camus et Rainer Hertlich. Et de fait hier matin, la deuxième compagnie de Hong Kong, Dragonair, a décidé de reporter la livraison de quatre appareils. La relative confiance des dirigeants d'EADS s'appuie sur les récents succès commerciaux enregistrés par Airbus. L'avionneur européen a engrangé récemment deux commandes importantes, l'une de la compagnie "low-cost" américaine JetBlue et l'autre de Chinese Airlines, pour un total de 95 appareils. Airbus pourrait prochainement marquer d'autres points dans la bataille qui l'oppose à Boeing puisqu'un contrat avec Air Algérie pourrait prochainement être annoncé. Dans leur communiqué, les dirigeants du groupe soulignent d'ailleurs que les prises de commandes d'EADS ont progressé de 41% au premier trimestre 2003 à 5,4 milliards d'euros, "grâce au nombre supérieur de commandes reçues par Airbus, qui portent sur un total de 42 avions, contre 18 au premier trimestre 2002".Cependant, à côté d'Airbus, le dossier majeur de l'exercice pour EADS en 2003 c'est le redressement de la division Espace. Avec un chiffre d'affaires trimestriel de 403 millions d'euros (en recul de 5% par rapport à la même période de 2002), cette branche affiche un Ebit négatif de 21 millions d'euros. L'objectif affiché d'EADS est de parvenir à ramener à l'équilibre le résultat de cette division qui a perdu l'an dernier 268 millions d'euros. Dans cette optique, le groupe va passer une charge de restructuration de 280 millions d'euros. EADS a fait d'une fusion de sa filiale Astrium avec Alcatel Space l'une de ses priorités. A la Bourse de Paris, les investisseurs, après s'être montrés déçus par les performances d'EADS, ont revu leur opinion. En fin de séance mardi, le titre gagnait 0,58% à 8,73 euros.EADS préfère la solution européenne pour les moteurs de l'A400MQui fabriquera les moteurs de l'A400M, le futur avion de transport militaire européen ? Jusqu'à ces derniers jours, l'affaire paraissait entendue. Pratt & Whitney Canada semblait bien positionné pour emporter ce contrat important puisque l'A400M fait l'objet d'une commande de 180 exemplaires par sept pays. Hors course car trop cher, le consortium européen comprenant le français Snecma, l'allemand MTU, le britannique Rolls-Royce et l'espagnol ITP revient pourtant dans la partie. Selon Le Monde, les Européens auraient baissé leur prix de 20%, s'alignant ainsi sur Pratt & Whitney. Ce sont désormais les critères techniques et non plus financiers qui vont déterminer le choix, sans oublier les critères politiques... Dans ces deux domaines, le consortium européen possède des atouts, sans doute décisifs. Le suspense ne devrait plus durer très longtemps: dès mardi soir, les dirigeants d'EADS ont fait savoir qu'ils avaient "recommandé à Airbus Military la solution européenne" pour la motorisation de l'A400M.
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