Les troupes alliées au coeur de Bagdad et Bassorah

C'est un raid hautement symbolique que les forces américaines ont mené ce lundi, frappant au coeur du pouvoir de Saddam Hussein à Bagdad en occupant le principal complexe présidentiel de la capitale. Selon les responsables américains, l'objectif de ces offensives est de "démontrer au peuple irakien que nous sommes sur place et que le régime n'a pas le contrôle. Nous avons la capacité d'aller où nous voulons, quand nous voulons".Selon le lieutenant-colonel Peter Bayer, responsable des opérations de la 3ème division d'infanterie (3ID), les forces américaines ont ainsi "sécurisé le principal palais présidentiel", le palais de la République. Un autre palais du centre ville et un troisième au sud-ouest de Bagdad, près de l'aéroport international, sont également passés sous contrôle américain, selon lui. En revanche, les journalistes de l'AFP présents sur place ont constaté que les forces irakiennes contrôlent toujours les alentours du palais de la République, où sont situés des ministères, notamment ceux de l'Information et des Affaires étrangères. Des miliciens, embusqués derrière des sacs de sable, gardent les entrées des deux ministères et d'autres établissements publics. De violents affrontements se déroulaient également dans l'après-midi dans le secteur de l'hôtel Al-Rachid, un des plus célèbres de Bagdad, gardé par des combattants irakiens. Par ailleurs, un missile s'est abattu sur un quartier résidentiel du centre de Bagdad. Des ambulances ont été vues quittant le lieu de l'attaque. Un immeuble s'est effondré et plusieurs autres ont été endommagés. Neuf civils ont péri dans l'explosion provoquée par la chute du missile, ont indiqué des témoins. Les autorités irakiennes, pour leur part, nient totalement la réalité de l'avancée américaine. Le ministre de l'Information, Mohammad Saïd Al-Sahhaf, a ainsi démenti la prise du palais de la République, appelant à "ne pas croire" ce que disent les Américains sur les combats dans la capitale. Il a assuré qu'il n'y avait "pas un soldat américain à Bagdad" et que les forces irakiennes avaient infligé aux Américains "une leçon que l'Histoire n'oubliera jamais"... La capitale encercléeLes forces alliées semblent avoir à peu près parachevé l'encerclement de la capitale. Alors que la 3ème division d'infanterie avait atteint le nord de Bagdad, les Marines ont avancé du sud-est de la ville vers le Tigre. Dans les faubourgs ouest de Bagdad, les Américains ont conforté leurs positions sur l'aéroport, où 5.000 soldats sont désormais stationnés et un premier avion de transport américain C-130 Hercules a pu atterrir dimanche, selon le Centre de commandement américain. Pour tenter de contrer l'encerclement de la capitale, les Irakiens ont fait sauter deux ponts à l'est de la ville. Mais selon le général John Kelly, commandant adjoint de la première division des Marines, cela n'aurait pas empêché les Marines d'entrer dans Bagdad en provenance du sud-est, pour parachever l'isolement du régime de Saddam Hussein.Le ministre britannique de la Défense Geoff Hoon a affirmé à Londres que les troupes américaines contrôlent désormais "les routes principales qui mènent et qui sortent de Bagdad". Selon lui, les forces de la Garde républicaine irakienne ont été réduites de moitié par les combats. Signe que l'armée américaine commence à estimer contrôler la situation, les Marines se trouvant sur la route de Bagdad ont été autorisés à retirer leur combinaisons de protection contre les armes chimiques et biologiques, leurs supérieurs "ayant estimé qu'il n'y avait plus de menace sérieuse imminente". L'avancée des forces anglo-américaines n'est pas confinée à Bagdad. Plus au sud, les troupes américaines semblent avoir marqué un autre point important en s'emparant de la ville de Kerbala au terme de 48 heures de "violents combats" qui ont fait quelque 400 tués dans les rangs des paramilitaires irakiens. Bassorah "sous contrôle"Autre avancée majeure: tout à fait au sud de l'Irak, les troupes britanniques contrôlent désormais la majeure partie de Bassorah. Cela fait environ deux semaines qu'elles resserraient petit à petit leur étau sur la deuxième ville du pays.Lundi, les Royal Marines se sont emparés de l'immense palais que Saddam Hussein s'était fait construire à Bassorah, a rapporté un journaliste incorporé à ces troupes. Et plusieurs centaines de soldats britanniques ont pénétré à pied dans le centre de la ville et pris le contrôle de l'université, jusqu'ici aux mains de miliciens irakiens. Autant d'événements qui ont amené un officier britannique à affirmer que la bataille de Bassorah est "plus ou moins terminée". Sur le front diplomatique, le président George W. Bush devait rencontrer lundi à Belfast, en Irlande du Nord, le Premier ministre britannique Tony Blair, pour la troisième fois en trois semaines, pour discuter de la gestion de l'après-guerre en Irak et du rôle, très controversé aux Etats-Unis, que pourraient y jouer les Nations unies. Le Conseil de sécurité de l'Onu devait tenir au même moment une réunion sur ce thème, à la requête du secrétaire général Kofi Annan. La conseillère du président américain pour la sécurité nationale Condoleezza Rice devait évoquer dans la journée à Moscou la situation en Irak avec les autorités russes.
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