Les raids aériens alliés préparent l'offensive sur Bagdad

Les troupes anglo-américaines ont poursuivi mardi leur approche vers Bagdad, objectif sur lequel les alliés concentrent leurs efforts. Les premiers affrontements directs avec les troupes d'élite de Saddam Hussein pourraient avoir lieu de façon imminente, donnant le coup d'envoi d'une bataille cruciale pour le succès de l'opération "Liberté pour l'Irak".Comme l'a affirmé lundi Tony Blair, l'objectif fixé aux troupes alliées est clair: il s'agit d'atteindre Bagdad "le plus vite possible". Tandis que les forces terrestres venues du Koweït poursuivent leur avance vers la capitale, les raids aériens se poursuivent contre celle-ci afin de "préparer le terrain". Bagdad essuie donc toujours des bombardements, tant sur la périphérie sud que sur le centre de la ville. Les casernes de la Garde républicaine sont notamment visées. Selon le général américain Stanley McChrystal, ces bombardements "continuent d'être concentrés sur des cibles-clés du régime" et visent à "affaiblir la Garde républicaine", le corps d'élite dirigé par Qoussaï, fils cadet du président irakien. En ce qui concerne les troupes terrestres, qui se trouvaient lundi soir à une centaine de kilomètres seulement de Bagdad, elles pourraient arriver à tout moment au contact avec les forces chargées de défendre la capitale. Mais mis à part l'avant-garde, le gros des troupes est encore loin de la ville. D'autant que les conditions météorologiques n'aident pas. Une violente tempête de sable a notamment obligé la 101ème division aéroportée américaine, qui dispose d'hélicoptères Apache, à suspendre ses opérations. A Washington, on s'attend à des combats difficiles: un responsable américain a ainsi estimé que les dirigeants irakiens pourraient déclencher des tirs d'armes chimiques quand les Américains et les Britanniques s'approcheront de Bagdad. Selon plusieurs chaînes américaines de télévision, les dirigeants irakiens ont établi une "ligne rouge" autour de la capitale, et autorisé des unités de la Garde républicaine à utiliser ces armes, si cette ligne est franchie. Et le chef d'état-major interarmées américain Richard Myers n'a pas caché, mardi, que "les combats les plus durs nous attendent". Dans une interview sur la chaîne de télévision ABC, le général a précisé prévoir pour la phase à venir des combats, autour de Bagdad, "que la résistance sera plus dure" car "c'est là que se trouvent les meilleures unités", celles de la Garde républicaine.Combats intenses à NassiriyahPendant ce temps-là, les combats se poursuivent dans le sud du pays, et tout particulièrement autour et dans la ville de Nassiriyah, située à 350 km au sud-est de Bagdad. Une ville stratégique car, située sur l'Euphrate, elle constitue un verrou crucial sur les routes menant à Bagdad. Les forces américaines ont en fait réussi dans le courant de la journée de mardi à traverser la ville, au milieu de combats à l'arme automatique, à la mitrailleuse, au lance-grenade antichar et au mortier. Plusieurs milliers de soldats des forces alliées auraient ainsi emprunté deux ponts sur l'Euphrate dans la ville, protégés par environ 500 Marines et une cinquantaine de chars et transports de troupes blindés chargés de sécuriser l'espace entre les deux ponts. Plus au sud encore, des bombardements ont continué à frapper Bassorah, selon la chaîne Al-Jazira qui a montré des images de colonnes de fumée s'élevant au-dessus de la ville. Par ailleurs, les forces de la coalition auraient finalement pris "le contrôle total" d'Oum Qasr, unique port irakien sur le Golfe Persique, selon les déclarations d'un officier de haut rang britannique. "La ville a été nettoyée" des poches de résistance, a ajouté cet officier à l'entrée sud de la ville. Une information à prendre avec prudence, les responsables de l'offensive anglo-américaine ayant déjà annoncé à plusieurs reprises, depuis vendredi dernier, la prise d'Oum Qasr.Tout au nord de l'Irak, enfin, des bombardements quasi ininterrompus frappent la ville pétrolifère de Kirkouk, possible indication de l'ouverture prochaine d'un second front. Côté irakien, le ministre de l'Information Mohammed Saïd Al-Sahhaf a affirmé mardi que les bombardements menés par la coalition américano-britannique sur Bagdad et d'autres villes de l'Irak ont fait 16 morts et 95 blessés dans la population civile depuis lundi soir. Selon lui, les forces irakiennes ont abattu trois hélicoptères, détruit plus de trente véhicules militaires et tué huit soldats de la coalition lors de combats depuis hier à Muthana (sud) et Oum Al-Cheyoukh (centre). Des chiffres que ne confirme pas le commandement central américain, qui ne reconnaît que la perte d'un seul Apache. Complications diplomatiquesSur le plan diplomatique, les Etats-Unis ont fort à faire. Leurs relations avec la Turquie demeurent toujours aussi tendues. Un haut responsable américain est arrivé d'urgence à Ankara pour empêcher l'intervention de la Turquie dans le nord de l'Irak. "Nous évoquons des sujets difficiles et compliqués", a affirmé le représentant du président américain auprès de l'opposition irakienne, Zalmay Khalilzad, au terme de deux heures d'entretiens au ministère turc des Affaires étrangères. Washington et les pays européens ont adressé de sévères mises en garde à la Turquie contre toute intervention militaire unilatérale en Irak du nord, région contrôlée par des factions kurdes hostiles à une telle présence. Un dirigeant kurde irakien, Nichirvan Barzani, s'exprimant à Damas, a prévenu que les Kurdes "combattront par tous les moyens" une intervention de l'armée turque. C'est la crainte d'un tel conflit - une guerre dans la guerre en Irak - qui incite les Etats-Unis à faire pression sur Ankara. Par ailleurs, les ministres des pays de la Ligue Arabe réunis au Caire ont réclamé le "retrait immédiat" des forces américano-britanniques d'Irak et demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité. C'est pour faire un point sur le déroulement de la guerre, les différents dossiers diplomatiques, mais aussi la situation humanitaire en Irak, que le Premier ministre britannique Tony Blair se rendra mercredi à Washington pour des entretiens avec le président George W. Bush, qui dureront jusqu'à jeudi. Sur le plan intérieur, enfin, le président américain a officiellement demandé au Congrès une rallonge de 74,7 milliards de dollars pour financer la guerre contre l'Irak. Le collectif budgétaire envoyé mardi au Congrès comprend 63 milliards pour l'effort de guerre, 8 milliards pour l'assistance humanitaire d'urgence et l'aide aux pays voisins et 4 milliards pour la sécurité intérieure. Selon un responsable du Pentagone s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, les 63 milliards demandés pour la guerre elle-même sont basés sur l'anticipation d'une "période de conflit relativement courte, très intense".
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.