Les troupes anglo-américaines accentuent leur offensive

Progrès des forces anglo-américaines au sud, bombardements soutenus sur Bagdad, vives tensions au nord de l'Irak impliquant forces kurdes et turques: tels étaient les principaux développements de la guerre en Irak, samedi 22 mars.Front sud: les alliés approchent de BassorahEn ce troisième jour de la guerre lancée jeudi matin par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne conte le régime irakien, les forces terrestres américano-britanniques ont poursuivi leur progression dans le sud du pays, à partir du Koweït. Une progression "conforme aux plans", selon les alliés, qui s'approchaient de la ville de Bassorah. Les troupes des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne se sont notamment emparées d'Oum Qasr, un port stratégique, puisqu'il s'agit du seul débouché maritime de l'Irak. Des affrontements continuaient toutefois à s'y dérouler samedi après-midi.A l'occasion de ces combats dans le sud du pays, les forces alliées ont annoncé avoir fait "des milliers" de prisonniers. "Il semble que nous commencions à voir des redditions en bloc de certaines unités plus importantes, ce qui est évidemment un bon résultat", a affirmé un porte-parole militaire. Selon les Américains, le 51ème division mécanisée irakienne, basée près de Bassorah, se serait rendue en bloc. Mais Bagdad a démenti cette affirmation.Objectif principal des alliés, dans cette partie du pays : Bassorah, la grande ville du sud de l'Irak, située à une cinquantaine de kilomètres au nord d'Oum Qasr. "Nos forces sont proches de Bassorah", a déclaré samedi le ministre britannique de la Défense Geoff Hoon, selon qui "il semble que des unités régulières de l'armée irakienne se soient retirées de Bassorah". Les forces américano-britanniques pourraient cependant éviter de pénétrer dans la ville proprement dite: elles n'entendent pas "traverser Bassorah" et "créer des confrontations dans cette ville", a déclaré samedi après-midi le général Tommy Franks, commandant américain de l'opération. Selon le correspondant de la chaîne Al-Jazira, des bombardements aériens auraient fait cinquante tués dans la ville samedi, dont un ressortissant russe. Du côté allié, une collision entre deux hélicoptères de la Royal Navy au-dessus des eaux internationales dans le Golfe a fait 7 morts samedi. C'est le deuxième accident d'hélicoptère meurtrier depuis le début de la guerre. Vendredi, un premier "crash" avait fait 12 morts. Bagdad: les bombardements continuentDans la capitale irakienne, les bombardements continuent, de façon sporadique mais soutenue, depuis vendredi soir. La nuit de vendredi à samedi a été marquée par une série de raids extrêmement violents, beaucoup plus que ceux de jeudi. Les forces aériennes américaines et britanniques ont fait un millier de sorties et ont tiré 1.000 missiles de croisière en Irak vendredi, selon Washington. Très ciblé, les tirs ont visé les bâtiments officiels et les différents sièges du pouvoir irakien. Ainsi, le principal complexe présidentiel de Bagdad, au bord du Tigre, a été durement touché, le "palais des hôtes" qui s'y trouve étant largement détruit. Selon les autorités américaines, les cibles visées dans ces bombardements massifs, qui se poursuivaient samedi après-midi, étaient des centres de commandement militaires et du régime, ainsi que des sites pouvant abriter des armes de destruction massive. Trois personnes ont été tuées lors des bombardements, a annoncé le ministre irakien de la Santé, tandis que le ministre de l'Information faisait état de 207 blessés dans la population civile de Bagdad. Front nord: interrogations sur une éventuelle intervention de l'armée turqueAu nord du pays, la situation était marquée, samedi après-midi, par une certaine confusion et une montée des tensions au sujet du rôle des Kurdes et des Turcs dans le conflit. Principale information : selon le ministre britannique de la Défense Geoff Hoon, "un petit nombre de soldats turcs" seraient entrés dans le Kurdistan irakien. "La taille de cette force correspond à une opération de police", a-t-il déclaré, tandis que la chaîne CNN-Turk annonçait qu'un millier de soldats turcs avaient franchi la frontière. Mais ces informations ont été démenties par un haut responsable du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), ainsi que par la Turquie elle-même. Washington, qui craint par dessus tout le déclenchement d'hostilités entre forces turques et kurdes, a mis en garde la Turquie de façon répétée contre une incursion dans le Kurdistan irakien. Mais les relations entre les Etats-Unis et la Turquie sont des plus difficiles ces derniers temps. Il a fallu plusieurs jours de bras de fer pour que la Turquie autorise finalement vendredi soir le survol de son territoire par les avions américains en route pour l'Irak. Les Etats-Unis en ont aussitôt profité : selon l'agence Anatolie, "de nombreux appareils" américains étaient déjà passé au dessus de la Turquie dans la journée de samedi. Toujours dans le nord du pays, des bombardements et des tirs de DCA ont été signalés sur les villes de Mossoul et Kirkouk. Une cinquantaine de missiles de croisière ont également été tirés, samedi à l'aube, au Kurdistan irakien sur des positions des groupes islamistes Ansar al-Islam et Komala Islami Kurdistan (KIK), présumés liés au réseau terroriste Al-Qaïda. Plusieurs dizaines de personnes auraient été tuées, selon certaines informations. Par ailleurs, divers incidents se sont déroulés à la frontière avec l'Iran. Selon l'agence de presse iranienne Irna, des avions américains et britanniques ont violé à trois reprises au moins depuis vendredi l'espace aérien iranien. Reste du monde : nombreuses manifestations contre la guerreDans le monde entier, les manifestations anti-guerre se sont poursuivies. Des milliers de protestataires ont défilé en Indonésie, plus grand pays musulman du monde, ainsi que dans d'autres pays d'Asie. Des rassemblements de centaines de milliers de personnes opposées à l'intervention militaire en Irak étaient attendus en Europe, notamment à Londres, de même qu'aux Etats-Unis.Sur la scène diplomatique, le ministre russes des Affaires étrangères a averti samedi que la Russie s'opposerait aux tentatives de faire légitimer par le Conseil de sécurité de l'Onu l'opération militaire en Irak. Vendredi, le président Jacques Chirac s'était exprimé dans le même sens.
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