Du rififi à la City

Un vent nouveau siffle sur la City et il a tout d'une bise cinglante et glaciale. Certains y voient comme un avis de tempête sur la première place financière d'Europe, où les manières brutales et le haussement de ton étaient jusqu'à présent jugés fort peu "appropriés". Mais au diable les convenances, ont pesté les fonds de pension et autres gros investisseurs institutionnels à l'origine de "l'affaire Green", du nom du président et fondateur du groupe audiovisuel britannique Carlton, qui s'est vu contraint de renoncer à briguer la présidence de l'entité qui naîtra de la fusion de son groupe et de Granada. L'affaire Green a sonné comme un coup de tonnerre au pays des grands patrons britanniques, habitués à être traités avec plus d'égards. La fronde a surpris par sa méthode : un groupe de sept investisseurs menés par le puissant fonds américain Fidelity a lancé un ultimatum aux formes très militaires aux conseils de Carlton et de Granada, leur laissant 48 heures pour se plier à ses exigences. Le refus poli de Carlton n'aura pas tenu 24 heures : acculés par la reddition de Granada, Michael Green et ses administrateurs, résignés, ont dû s'incliner, ne pouvant prendre le risque de se mettre à dos des actionnaires représentant un tiers de leur capital et près de 40% de l'ensemble fusionné à venir. Du jamais vu à la City depuis le renvoi de Maurice Saatchi en 1994 à la tête de l'agence de publicité qu'il avait fondée avec son frère et portant leur nom. Le début d'une nouvelle ère ? Après trois années de marché baissier, les institutionnels se montrent beaucoup plus regardants sur la gestion et le salaire des patrons et l'affaire Green pourrait créer un précédent en matière d'activisme actionnarial. Le magnat des médias Rupert Murdoch pourrait bien à son tour se voir reprocher son népotisme : plusieurs associations d'investisseurs veulent le rencontrer au sujet de la nomination prévue de son fils James à la tête du bouquet satellite BSkyB, en remplacement de Tom Allen, vivement apprécié des marchés. Mais le tycoon australo-américain n'est pas du genre à plier si promptement. Et sa chance est d'affronter une grogne encore éparpillée ne faisant pas le poids face à ses 35% de BSkyB. Car à la City comme ailleurs, il faut parfois savoir diviser pour mieux régner.
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