Aider l'Irak pour se faire pardonner

"C'est comme un krach mou", admet Richard Grasso à propos des ennuis qui plombent sa réputation depuis plusieurs semaines. Et si le président du New York Stock Exchange aime à dire que vraiment, ces affaires ne sont rien à côté des attentats du 11 septembre qui avaient paralysé la Bourse pendant plusieurs jours, il n'empêche qu'elles commencent à faire furieusement désordre. Sur les six dernières semaines, les révélations se sont succédées. D'abord l'enquête sur des agissements douteux de la part des "spécialistes", ces intermédiaires qui traitent des valeurs sur le parquet : l'exécution des ordres laisserait à désirer. Puis, ce fut le salaire de Dick Grasso - la bagatelle de 10 millions de dollars par an alors que la Bourse elle-même accuse un recul certain de ses bénéfices - qui enflamma les conversations, sans compter le fait que le patron de la Bourse, toujours prompt à critiquer le laxisme en matière de "corporate gouvernance", n'est pas blanc comme neige. Candidat à sa propre succession au conseil d'administration de Home Depot, une entreprise cotée sur le NYSE bien entendu, il a simplement déclaré qu'il ne se présenterait plus dans d'autres conseils d'administration...Enfin, Dick Grasso a annoncé récemment qu'il nommait Sanford Weill, le PDG de Citigroup, dont la réputation a été entachée par des affaires de conflits d'intérêt, à un poste de "représentant public" au conseil du NYSE. Il a finalement retiré la proposition faite à Sandy Weill - proposition que ce dernier s'était d'ailleurs empressé d'accepter - en déclarant que c'était une "erreur". Mais ces promesses et ces excuses suffiront-t-elles à redorer le blason de ce seigneur de la Bourse, qui a grimpé tous les échelons depuis son arrivée, il y a 35 ans, en tant que commis pour devenir le grand patron du Big Board ? Sans doute pas. Dick Grasso a donc trouvé la solution : l'Irak. Il a proposé à Washington, en sa qualité de Président de la Fédération Mondiale des Bourses, de "participer à la reconstruction de marchés de capitaux en Irak". "Nous sommes prêts à offrir notre expérience et nos connaissances", a-t-il ajouté dans la presse. Il fallait y penser. La proposition est-elle sérieuse ? "Ne croyez pas tout ce que vous lisez dans les journaux", avait prévenu Dick Grasso, à propos de la controverse sur son salaire. Nous voilà rassurés.
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