Auto-privatisation

On n'est jamais mieux servi que par soi-même, dit-on... Aussi KPN, le France Télécom néerlandais, envisage-t-il tout à fait sérieusement de procéder lui-même à sa propre privatisation. C'est du moins ce qui ressort des propos de son directeur financier, qui a déclaré, lors d'une conférence sur les télécommunications organisée à Londres par BNP Paribas, que KPN serait intéressé par le rachat d'une partie de ses propres actions détenues par l'Etat néerlandais. Ce dernier vient pourtant de vendre 300 millions de titres KPN à la banque américaine Citigroup, réduisant ainsi sa participation au capital de l'opérateur télécom national de 31,4 % à 19,3 %. Mais peut-être le rythme de la privatisation n'est-il pas assez enlevé aux yeux de la direction de KPN...L'argument de l'opérateur néerlandais pour justifier cette volonté de "s'auto-privatiser" ne manque pas de bon sens. Selon un porte-parole du groupe, le monde de la finance verrait la participation de l'Etat néerlandais à son capital comme une véritable épée de Damoclès : celle d'un afflux potentiel de titres sur le marché, une menace qui pèserait sur le cours actuel de KPN. Mais c'est bel et bien le concept "d'auto-privatisation" qui constitue la vraie trouvaille - l'éclair de génie ? - de KPN. Car ce concept nouveau trouvera sans nul doute un écho particulier dans un pays où le gouvernement a éprouvé, tout au long de cette année, les pires difficultés à privatiser : la France.Certains, dans les couloirs de Bercy, doivent en effet s'arracher les cheveux de n'avoir pas pensé plus tôt à cette solution-miracle. Si la faiblesse des indices boursiers et le manque d'appétence des investisseurs viennent contrarier les velléités de privatisation, pourquoi ne pas inciter les entreprises concernées à racheter elles-mêmes la participation de l'Etat à leur capital ? Ce ne sont sans doute pas les actionnaires restants qui s'en plaindraient, tant les critiques envers l'Etat-actionnaire sont toujours promptes à fuser. Ils s'en plaindraient d'autant moins qu'en période de basses eaux conjoncturelles, le prix du rachat ne saurait être excessif. L'Etat n'aurait plus qu'à arbitrer entre ses priorités : obtenir de l'argent frais tout de suite, ou tenter de faire fructifier son patrimoine à plus long terme. On ne peut pas tout avoir...
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