L'homme qui valait 10 millions

Le Stock Exchange est une entreprise comme les autres. Enfin presque. En tout cas, même avec des bénéfices en chute libre - pas étonnant quand les cours s'effondrent - le président de la Bourse de New York, Richard Grasso, n'a pas à se plaindre : il jouit d'un salaire de quelque 10 millions par an. Auxquels s'ajoutent quelques petits avantages pour sa retraite. De quoi, déjà, se poser des questions. Mais ce n'est pas tout. Dans les années 1990, Richard Grasso et le Stock Exchange avaient fait valoir, devant des juges, que les dirigeants de la Bourse ne pouvaient être l'objet de poursuites judiciaires. Ils devaient au contraire jouir d'une "immunité absolue" - parce qu'ils ont des fonctions de régulation. Ce qui laisse entendre que la Bourse n'est pas, en fait, une entreprise comme les autres, mais quasiment une institution, et donc son patron, un quasi fonctionnaire, au même titre que ceux qui dirigent la Securities and Exchange Commission ou la Réserve Fédérale. Mais le patron de la SEC ne gagne que 560.000 dollars par an, et Alan Greenspan, celui de la Fed, que 166.000 ! L'explication est pourtant simple : la Bourse est certes une institution, mais qui fonctionne comme n'importe quelle autre entreprise de Wall Street, d'où le salaire de Richard Grasso. Subtil... Richard Grasso prend d'ailleurs son rôle de régulateur à coeur. Il a récemment participé à une commission spéciale sur la corporate governance au New York Stock Exchange, chargée de renforcer les directives en matière d'indépendance des membres des conseils d'administration. Or, il se trouve que lui-même est membre d'un de ces conseils. Celui de Home Depot, qui lui verse plus de 100.000 dollars par an en jetons de présence et autres avantages. Il doit être réélu le 30 mai prochain - et parmi ceux qui vont voter, se trouve le co-fondateur de Home Depot, qui siège, au New York Stock Exchange, au comité qui décide du salaire de Richard Grasso. Vous avez dit conflits d'intérêt ?
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