Motus Vivendi

"Vivendi, il faut reconnaître que ça ne sert pas à grand chose": c'est le PDG de VU lui-même qui le dit. "On ne rebaptise pas un bateau du nom d'un navire qui a coulé", persiflait en mars Henri Proglio, le patron de l'ancien Vivendi Environnement, rebaptisé un mois plus tard Veolia pour couper définitivement le cordon ombilical avec son enfant devenu sa maison-mère... qui garde encore plus de 20% du capital ! Alors, Vivendi c'est fini ? Comme pour mieux enterrer les rêves de grandeur de son prédécesseur Jean-Marie Messier, Jean-René Fourtou pourrait bien effacer d'un coup de gomme vengeur cette raison sociale fleurant par trop le souffre. La marque prestigieuse d'Universal retrouvera son berceau, les Etats-Unis, où la chaîne NBC, filiale du géant General Electric, va s'emparer des studios et des parcs éponymes. Elle sera "co-utilisée", partagée avec le label de musique Universal... qui pourrait lui aussi se voir accroché une étiquette "à vendre" dans les prochains mois. A moins que ce ne soit "coeur à prendre" pour fusionner avec une autre major du disque. Quant à Cegetel, "cela me paraît un très bon nom pour un groupe de télécoms" a glissé au passage un Fourtou d'humeur badine à l'annonce de l'accord de principe entre NBC et VU mardi soir. Car le PDG de VU a reconnu que son groupe avait tout... d'un sacré fourre-tout. Plus personne ne lui dirait aujourd'hui qu'il se trouve à la tête d'un syndic de faillite, puisque les problèmes de liquidité et d'échéancier de dettes trop serré sont réglés. Mais il constate sans fard que VU est constitué de trois groupes : un de télécoms, un de divertissement et un ensemble d'actifs dispersés à solder. Et de signaler que "dans quelques mois, nous devrons décider si la partie télécoms et la partie 'entertainment' doivent rester ensemble, sachant que nous devons explorer toutes les pistes pour exploiter l'actif fiscal que les pertes passées ont généré". Un analyste espiègle observe que le meilleur moyen serait d'être la cible d'une OPA, par exemple lancée par Vodafone... Scission ou dépeçage, il semble bien qu'il n'y ait d'autre issue qu'un enterrement de première classe du bébé de Messier. Mais chut, laissons oeuvrer dans le calme ces messieurs les fossoyeurs. En espérant que les frais d'obsèques laisseront un petit héritage aux malheureux actionnaires...
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