Rechute aiguë d'"Enronite"

Le coup de grâce ! Déjà en proie à une nervosité extrême due aux tensions géopolitiques, les investisseurs ont totalement perdu leur sang froid lorsque le distributeur néerlandais Ahold, numéro trois mondial, a dû faire éclater au grand jour les irrégularités comptables de sa filiale américaine. A quelques jours de la publication des résultats d'une dizaine de poids lourds du CAC 40, la nouvelle ne pouvait tomber à un plus mauvais moment, dans cette période où les doutes et incertitudes culminent. Le pire cauchemar des opérateurs européens, qui redoutaient et cherchaient en même temps "leur" Enron, a donc trouvé son incarnation en Ahold. Et nous voilà replongés dans un climat lourd et malsain de suspicion, où les plus cyniques partent en chasse des rumeurs les plus nauséabondes et des proies les plus faciles : dette, structure complexe, manque de transparence... Ça vous rappelle quelque chose ? Il y a tout juste un an, c'était Vivendi Universal qui était montré du doigt comme le futur Enron. A tort, pour autant que l'on sache à ce jour, en dépit des réelles et graves difficultés financières du groupe. Devinez quel était le mot d'ordre sur le marché parisien la semaine dernière, dixit un trader : "éviter d'avoir en portefeuille le prochain Vivendi"... Les premières attaques ont d'ailleurs été portées contre sa filiale Vivendi Environnement. Puis c'est son concurrent Suez qui est entré dans l'oeil du cyclone. Avec une rare violence : -6% lundi, -10% mardi, -11% mercredi et, après un rebond de 12% jeudi, un nouveau recul de 7% vendredi. Vous aurez vous-même fait le calcul : -21% en une semaine. Une spirale infernale baissière, comme VU l'an dernier à la même période, spirale qui serait exacerbée par les coupables faciles, les hedge funds, ces fonds d'arbitrage auxquels on prête les plus noirs desseins et les pratiques les plus détestables, se délectant des rumeurs, les lançant eux-mêmes parfois ou les alimentant, profitant de toute zone d'ombre pour accentuer la baisse. Mais comment une valeur devient-elle "le jouet des hedge funds" ? Parce qu'elle subit le panurgisme des gérants "traditionnels" qui, pris de panique, préfèrent tout lâcher. Parce que dans un marché baissier, un investisseur ne réclame plus seulement des raisons de conserver (des titres) mais des raisons de ne pas vendre...
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