"Pour la pharmacie, l'année 2003 sera celle des arbitrages"

Par latribune.fr  |   |  468  mots
Quel bilan dressez-vous du secteur pharmaceutique en 2002 ? En termes de performances boursières, ce n'est pas très bon. Mais en ce qui concerne les résultats, la croissance et la visibilité, certaines entreprises affichent d'excellents résultats. L'industrie pharmaceutique est créditée en moyenne d'une croissance de 10 % pour les 3 ou 4 années à venir, ce qui est bien supérieur à d'autres secteurs. Par exemple, les synergies de fusion ont bénéficié à Aventis et Sanofi-Synthélabo. Certes, l'effet va s'atténuer d'ici deux ans, mais pour l'instant la croissance anticipée pour Aventis et Sanofi-Synthélabo sur 3 ans est de plus 15 %, soit un taux supérieur à la moyenne européenne. Y a-t-il une montée du risque des médicaments génériques ? En fait, on peut dire qu'aujourd'hui le risque des génériques est connu, et que les marchés l'ont intégré. On connaît les dates où les brevets tombent dans le domaine public. En revanche, on ne maîtrise pas la volonté de certains laboratoires (en particulier les laboratoires génériques) de porter plainte contre d'autres grandes firmes pharmaceutiques. Comment savoir si un médicament qui va sortir est vraiment une nouvelle entité chimique ou une simple extension thérapeutique d'un produit déjà existant? Ce sont des procès longs, coûteux et notre grand problème est que les risques sont très difficiles à évaluer. Les marchés n'ont pas toujours intégré ce risque là. Quelles sont les valeurs sur lesquelles ce risque va peser en 2003 ? Les valeurs à fort risque sont Astra Zeneca, Roche, Shering Plough. Sanofi-Synthélabo est également handicapé, en raison de deux procès en cours aux Etats-Unis, intentés par deux laboratoires, canadien et indien, et qui concernent son médicament Plavix. Cela dit, Sanofi reste fortement valorisé car ses fondamentaux restent excellents. C'est donc une valeur qui reste chère, ce qui incite d'ailleurs certains gérants à arbitrer en faveur d'Aventis. Malgré tout, le secteur pharmaceutique reste-t-il attrayant pour les investisseurs ? Absolument. Il va continuer à attirer les investisseurs, mais en 2003 on procèdera à d'importants arbitrages. Les gérants seront plus sélectifs. Ils choisiront des valeurs fortement décotées, qui ont une bonne visibilité, et un potentiel de risque pas trop important. Aujourd'hui, la question n'est plus de savoir si un médicament pose problème. L'enjeu est : y a-t-il de nombreux relais de croissance pour les cinq prochaines années ? Comme Astra Zeneca et Sanofi-Synthélabo possèdent des portefeuilles fournis mais très jeunes, la commercialisation et la montée en puissance ne débuteront qu'à partir de 2006 ou 2007. En revanche, le laboratoire Aventis possède un portefeuille plus équilibré entre les phases de développement initiales et les phases terminales des médicaments. C'est un titre porteur à moyen terme.