La Bourse folle

Un vendredi extatique après un jeudi euphorique. La plus forte hausse de l'histoire du CAC 40, +7,25%, battant le record - drôle de coïncidence - du déclenchement de la guerre du Golfe en janvier 1991... Avec à la clef quelques explosions caricaturales, à l'image d'Axa, +17% vendredi au lendemain d'un +13% et d'un -6%, ou de Suez, projetée de 14% et 13% en deux jours après avoir plongé de 13% la veille. Or les stratèges, économistes et autres analystes sont bien en peine de trouver quelque argument valable, une statistique exaltante, des résultats d'entreprise enthousiasmants pour expliquer une telle allégresse. Mais ils reservent leur glose habituelle sur les achats à bons comptes, la chasse aux bonnes affaires et le rebond technique liés à des rachats de positions à découvert... Sans oublier l'effet libérateur de l'imminence d'un conflit en Irak, dont on nous rebat les oreilles depuis deux mois. "Des mouvements d'une telle brutalité sont grotesques : ils décrédibilisent complètement l'investissement en actions", s'emporte un gérant, qui s'inquiète de voir les marchés désertés par les investisseurs individuels, déboussolés, ballottés, lessivés, qui ne se sentent bons qu'à subir ces lames de fond, nourries par les fonds d'arbitrage et plus généralement tous les vendeurs à découvert, établissements bancaires compris. Des mouvements incontrôlés et apparemment incontrôlables. Apparemment ? Que font les autorités de marché et de régulation pendant l'orage ? Stoïques, elles prodiguent leurs bons conseils : faire le dos rond en attendant le retour à la sérénité, la Bourse étant un investissement de long terme... Mais le constat d'un marché entièrement livré au trading n'appelle-t-il pas une nouvelle réflexion sur la manière d'encadrer ce type de débordements en renforçant les dispositifs de type coupe-feux techniques ? A moins que les garants de la liberté de fonctionnement du marché, qui étaient autrefois aussi les zélateurs de la Bourse pour tous, ne jugent finalement qu'il est préférable de la laisser aux professionnels ?
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