Trop payé !

Le New York Stock Exchange a-t-il totalement perdu la tête ? Toujours est-il qu'en cette ère post-krach boursier, post Sarbanes-Oaxley et post-Enron, la Bourse de New York a réussi, comme le notait récemment le New York Times, un exploit inédit : celui de faire en sorte que Wall Street s'étonne du salaire de l'un des siens. Il s'agit de l'énorme "compensation" offerte à Richard Grasso, le patron de la Bourse. Certes, on avait déjà, grâce à des fuites dans la presse avant l'été, subodoré que Richard Grasso était singulièrement bien payé. Grâce à la volonté de transparence de la Bourse, le chiffre est tombé il y a quelques jours : pour l'aider à acheter une maison, la Bourse, son employeur depuis plus de 30 ans, a décidé de lui donner en une seule fois tout ce qu'il a accumulé pendant toutes ces années en bonus différés, en plans de retraite et autres "incitations". La somme que cela représente? 140 millions de dollars. Cela n'empêchera pas Dick Grasso de toucher, pendant quelques années encore, puisque son contrat vient d'être prolongé jusqu'en 2007, la somme de 1,4 million de dollar de salaire annuel, auquel s'ajoute automatiquement un bonus d'au moins 1 million. Trop payé ? C'est sans doute ce que pense un ancien patron du NYSE, William Donaldson. Devenu président de la Securities and Exchange Commission, autrement dit le gendarme de Wall Street, William Donaldson a demandé des explications et a donné jusqu'au 9 septembre à la Bourse pour obtempérer. Il faut dire que Donaldson, lui, ne reçoit que 142.500 dollars par an... On le sait, les jobs dans les agences fédérales sont notoirement mal payés. Au point qu'un brillant élément au Trésor est moins bien rémunéré qu'un MBA débutant dans une grande entreprise. Avec ses 2.000 salariés, un chiffre d'affaires de seulement un milliard de dollars (principalement des commissions) et un bénéfice net de 28 millions de dollars, le NYSE n'a rien à voir avec une grande entreprise. Et elle est de toute façon à part, puisque son rôle n'est pas de gagner de l'argent, mais d'en faire gagner à d'autres - y compris, apparemment, à son président...
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