Alstom dégringole à nouveau

Décidément, Alstom est malmené par les marchés. Depuis le 27 février, jour où l'existence d'un projet de cession de sa division Transmission & Distribution (T&D) avait été évoquée par le journal Les Echos, l'action dérape. Car, si cette éventuelle cession pourrait rappporter entre 1,5 et 2 milliards d'euros d'argent frais, et desserrer ainsi l'étau autour du groupe, étranglé par une dette massive de 3,68 milliards d'euros, elle inquiète les marchés.Après avoir initialement bien réagi au projet de cession, qui pourrait être officiellement annoncé le 12 mars prochain, le titre avait sensiblement chuté. Depuis, il suit un cours erratique. Les investisseurs redoutent que le groupe ne soit amené à vendre son activité la plus rentable pour combler le retard pris dans son programme de cession d'actifs. Hier, l'action plongeait de 3,75% à 2,82 euros après que le bureau d'analyse de UBS Warburg eut ramené son objectif de cours de 3,25 à 1,5 euro (voir ci-contre). Aujourd'hui, elle a enregistré un décrochage brutal en milieu de matinée, étant un moment réservée à la baisse après avoir perdu 10% de sa valeur. A la clôture, elle perd 7%, à 2,62 euros. Si certains analystes saluent l'éxécution du plan d'assainissement "Restore value" annoncé en mars 2002, d'autres s'inquiètent de l'ampleur de la crise que travers le groupe. En septembre dernier, Pierre Bilger, alors président d'Alstom, avait affirmé que les actifs "non stratégiques" rapporteraient davantage que prévu. Mais si le groupe en arrive aujourd'hui à envisager la cession des actifs "stratégiques", cela ne sonne-t-il pas comme un échec ?"La situation est si catastrophique que l'on s'attend à un coup de balai monstrueux lors de la présentation du plan "Restore value" et des résultats le 12 mars prochain", commente Julien Batteau, de Richelieu Finance. "Certes Patrick Kron, le nouveau PDG, est relativement apprécié par les marchés, mais en dehors de cela il n'y a aucun signe d'amélioration des affaires, au contraire. Non seulement le groupe risque d'annoncer la cession de T&D mais on s'attend aussi à une augmentation de capital. Car il faut bien voir que si Alstom vend T&D, cela ne résoudra que ses problèmes à court terme. Or le pic de remboursement de ses dettes se situe en 2004 et 2005 !", juge l'analyste. "Le marché n'a pas réagi très rapidement", observe Julien Batteau, qui souligne qu'après avoir dégringolé de 12 % le matin de l'annonce du projet de cession, l'action était péniblement remontée et avait terminé la journée à -5 %. "Mais aujourd'hui, la chute est brutale parce que les investisseurs réalisent qu'il n'y a pas d'acheteurs en face et qu'Alstom n'offre pas de visibilité", ajoute Julien Batteau.En cédant T&D, Alstom ferait donc peut-être face à son problème d'endettement à court terme, mais se couperait de sa branche la plus rentable et se retrouverait dépendant d'activités plus cycliques. Pour la plupart des analystes, T&D est la division la plus compatible avec le coeur de métier d'Alstom : la génération d'énergie. Sans elle, Alstom deviendrait un conglomérat éclaté, dispersé entre l'énergie, les transports et les chantiers navals.
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