C'était un peu la dernière chance pour Jean-Pierre Tirouflet. Très critiqué ces derniers mois pour sa gestion du groupe de chimie - acquisitions trop cher payées, pléthore de métiers sans synergie, selon ses détracteurs...- , le PDG de Rhodia était attendu au tournant. Et il s'en est plutôt bien sorti au vu des résultats du groupe pour 2002, annoncés ce mercredi. Si le chiffre d'affaires a baissé de 9 % en 2002, à 6,617 milliards d'euros contre 7,279 milliards en 2001, le résultat opérationnel du groupe a atteint 351 millions d'euros, contre 91 millions en 2001. La marge brute d'exploitation a progressé de 3,4 points à 12,1 %. Au total, pour 2002, Rhodia a enregistré une perte nette part du groupe de 4 millions d'euros, contre une perte nette part du groupe de 213 millions d'euros en 2001. Avant amortissement des écarts d'acquisition, Rhodia engrange un bénéfice net part du groupe de 43 millions d'euros en 2002, contre une perte de 138 millions en 2001. Dans un communiqué, le groupe explique qu'il a "réussi, en 2002, à conserver dans toutes ses divisions l'effet favorable de la baisse des matières premières et à augmenter sa profitabilité sur les segments à plus forte valeur ajoutée". Rhodia a par ailleurs diminué sa dette nette de 17% en 2002. L'endettement atteignait 2,133 milliards d'euros à fin décembre 2002, contre 2,572 milliards un an plus tôt. Au chapitre de sa stratégie pour le nouvel exercice, le PDG de Rhodia a annoncé un programme de nouvelles réductions de coûts. Le groupe va diminuer ses investissements et procéder à de nouvelles cessions pour continuer à réduire son endettement. Tout d'abord, la filiale à 25 % d'Aventis va poursuivre "la fermeture de certains ateliers les moins compétitifs" et devrait compter "autour d'une centaine de sites à la fin 2004", a déclaré Jean-Pierre Tirouflet. Les effectifs du groupe avaient déjà maigri de 12,8% au cours des deux dernières années. Rhodia compte actuellement 110 sites, contre 125 en 2001 et 130 en 2000, et emploie 24.523 personnes. Aucun chiifre n'a filtré sur le nombre d'emplois qui seront supprimés.La diminution des coûts de fonctionnement du groupe devrait générer des gains de l'ordre de 200 millions d'euros au niveau de l'excédent brut d'exploitation en 2004. Le coût de mise en place de ces mesures s'élèvera à près de 100 millions d'euros sur l'année 2003. Rhodia entend en outre réduire ses investissements pour les ramener autour de 300 millions d'euros en 2003, soit une baisse de près de 20 % par rapport à 2002 et de près de 40 % par rapport à 2001.Enfin, le groupe souhaite recentrer son portefeuille d'activités et réaliser de nouvelles cessions - celles réalisées en 2002 avaient déjà rapporté 516 millions d'euros - "dès que les conditions financières de ces opérations seront attractives". Sans donner la liste des activités à céder, Jean-Pierre Tirouflet a cependant indiqué qu'il s'agissait de "technologies qui ne vont pas diminuer le nombre de nos outils", ni handicaper "l'équilibre entre l'Ebitda et la dette". Pour 2003, dans un contexte actuel caractérisé par " l'instabilité géopolitique", le groupe "s'engage à accélérer ses actions visant à exploiter les opportunités de croissance organique, à poursuivre l'amélioration de sa rentabilité opérationnelle et à renforcer sa solidité financière", a-t-il indiqué dans un communiqué. Les résultats annoncés et les signaux de reprise en main seront-ils assez forts pour écarter la menace de dégradation par les agences de notation, qui pesaient sur le groupe ? Rhodia est "en discussion" avec les agences de notation financière Moody's et Standard and Poor's, mais "il est impossible de dire à ce stade le résultat" de ces discussions, a précisé Pierre Prot, directeur adjoint de Rhodia, à l'AFP. Selon lui, une dégradation de la note de Rhodia n'aurait "pas d'incidence fâcheuse à court terme car aucun financement ne deviendrait immédiatement exigible. Les liquidités du groupe sont tout à fait saines". A la clôture de la Bourse de Paris, l'action gagne 6,79% à 6,61 euros.

latribune.fr

20 Oct 2008, 2:26

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