Des agents trop réactifs ?

Du jamais vu ou presque. La célébrissime agence de notation financière Moody's, qui domine l'univers de la note de crédit avec sa rivale Standard & Poor's, malgré la montée en puissance de la petite Fitch, a dû se dédire et désavouer l'un de ses communiqués, d'une laconique formule à la neutralité déconcertante : "annulation du communiqué de presse sur Rhodia daté du 3 avril à 9h27 GMT." Sans une ligne d'explication ou de commentaire, ni même un semblant d'excuse. Sans doute ce communiqué un peu léger et un peu "court" était déjà pour l'agence trop mortifiant pour que l'on puisse en attendre un quelconque acte de contrition. Circulez il n'y a rien à voir, vous n'avez d'ailleurs rien vu...Que contenait ce communiqué publié deux heures plus tôt? L'agence y annonçait avec le plus grand sérieux du monde quelle note elle attribuait à un emprunt obligataire de 800 millions d'euros que le groupe chimique Rhodia s'apprêtait à lancer. Problème : Rhodia s'est fendu d'un communiqué démentant tout projet d'émission obligataire et exprimant sa "surprise" devant l'annonce de l'agence. D'où l'annulation précipitée de ce commentaire relatif à cette émission fantôme... Certes, les choses auraient pu être plus graves, le communiqué n'annonçait pas de dégradation de la note, laquelle était déjà tombée en catégorie spéculative (junk bond) tant chez Moody's que chez S&P quelques jours auparavant. Ce "raté" paraît, cependant, à tout le moins surprenant, voire incroyable. Surtout lorsque l'on sait que la procédure habituelle veut que l'agence soumette avant diffusion ses communiqués à l'émetteur - la société notée - au moins à titre d'information ou pour vérifier les informations qu'ils contiennent. Celui-ci aurait-il échappé au circuit habituel? Visiblement. L'agence aurait-elle tiré des conclusions hâtives d'une discussion informelle sur les projets envisagés pour refinancer la dette du groupe qui traverse actuellement de grandes difficultés? Aurait-elle "tiré trop vite" comme certains reprochent parfois aux agences? Ce fâcheux incident ne devrait pas redorer le blason des agences déjà fort décriées, notamment par certains PDG (Jean-Marie Messier, Michel Bon, Serge Tchuruk) qui les accusent de dégainer un peu hâtivement, voire de tirer à vue, sans se préoccuper des conséquences. Il devrait au moins relancer le débat sur la toute puissance de ces agences, tout en apportant de l'eau au moulin de leurs détracteurs...
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