Fiat dépasse les 4 milliards d'euros de pertes pour 2002

L'année 2002 restera dans les annales de Fiat comme la plus sombre qu'ait connue le groupe turinois. Les comptes de l'année écoulée, approuvés par le conseil d'administration réuni vendredi à Turin, se soldent par une perte nette faramineuse de 4,263 milliards d'euros, contre -445 millions en 2001. Un chiffre bien supérieur aux prévisions, situées entre 2,15 et 3,188 milliards d'euros.Ces pertes sont largement dues au gouffre creusé par Fiat Auto, qui a réalisé en 2002 une perte d'exploitation de 1,34 milliard d'euros, dont 180 millions pour le seul quatrième trimestre, contre 432 millions au dernier trimestre 2001. Le groupe, lui, a renoué au quatrième trimestre avec l'équilibre d'exploitation. Mais sa perte d'exploitation annuelle atteint 762 millions d'euros, contre un bénéfice de 318 millions en 2001. Le chiffre d'affaires du groupe est resté stable sur les trois derniers mois de 2002 à 14,9 milliards d'euros mais les ventes annuelles ont reculé de 4% à 55,6 milliards. A l'annonce des pertes plus graves que prévu, l'action a aussitôt perdu 5 % à Milan. En clôture, elle cédait 3,25 % à 7,23 euros.Les charges exceptionnelles qui incluent des dépréciations d'actifs, des charges de restructuration de Fiat Auto et des moins-values de cessions - notamment sur la participation dans General Motors - ont atteint 862 millions sur l'année. Au total, l'endettement de Fiat a été ramené à 3,8 milliards d'euros fin décembre. Selon le quotidien Corriere della Serra, le groupe a fait le choix de tout faire peser sur le bilan 2002 afin de "faire le ménage complet de façon à vraiment tourner la page et ne traîner aucun poids sur l'exercice en cours". Pour renflouer Fiat Auto, le groupe turinois a décidé de procéder à une augmentation massive de capital de sa filiale, d'environ cinq milliards d'euros, d'ici dix-huit mois. Pas question pour l'instant, donc, de céder Fiat Automobile, l'ancien fleuron du groupe. Fiat laisse la "porte ouverte", selon l'un de ses dirigeants cité par l'AFP, à General Motors pour contribuer à l'augmentation de capital. En vertu d'une alliance stratégique scellée il y a trois ans, le géant américain de l'automobile possède déjà 20 % de Fiat Automobile. La famille Agnelli et les banques créancières de Fiat ont une option de vente des 80 % restants à General Motors, mais pas avant 2004. Or General Motors a jusqu'ici indiqué qu'il serait prêt à accroître son poids dans la branche auto, mais à condition que Fiat renonce à son option de vente. Les négociations entre les deux sociétés, qui s'annoncent serrées, seront menées par un nouvel état-major. Umberto Agnelli maître à bordUmberto, le discret frère cadet du patriarche Gianni décédé en janvier dernier, prend en effet la présidence du groupe, une décision entérinée par le conseil d'administration. A 68 ans, le nouvel homme fort de Fiat est aujourd'hui maître à bord. Pour renflouer le navire qui fait eau de toutes parts, le frère cadet de "l'Avvocato" a nommé "son" équipe. Exit Paolo Fresco, président sortant, qui restera tout de même conseiller pour les négociations avec General Motors. Entre lui et Umberto, le courant n'a jamais vraiment passé. Umberto Agnelli a choisi pour l'épauler Giuseppe Morchio, ancien dirigeant de Pirelli, et Luca Cordero di Montezemelo, le patron de Ferrari.L'équipe va s'atteler au travail. L'urgence est dans les cessions, a confirmé le conseil d'administration, qui prévoit de recevoir des offres définitives de rachat de Toro, sa filiale d'assurance, et de Fiat Avio, sa branche aéronautique, avant la fin du premier semestre 2003, et d'encaisser les produits de ces cessions au troisième trimestre.Par ailleurs, Fiat va vendre une grande partie de ses biens immobiliers à la société Risanamento pour 267 millions d'euros. Le groupe céderait notamment l'ancienne usine qui abrite l'actuel siège de la société à Turin, et la station de ski de Sestrières fondée avant-guerre par Edoardo, père d'Umberto Agnelli.
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