BP signe le contrat du siècle en Russie

BP a confirmé ce matin l'information attendue par les marchés qui bruissaient de rumeurs à ce sujet (lire ci-contre): la compagnie pétrolière britannique va créer une joint-venture en Russie avec un grand pétrolier russe. Au total, BP investira 6,75 milliards de dollars dans un contrat sans précédent pour un groupe étranger, avec un apport initial de 3 milliards de dollars en numéraire, suivi de trois versements annuels de 1,25 milliard en actions. Le nouveau holding se hisse au rang de troisième groupe pétrolier russeEn prenant le contrôle de la moitié de TNK International, un holding de trois groupes pétroliers russes, BP effectue le plus important investissement réalisé à ce jour par une société étrangère en Russie. Le géant britannique détenait déjà 25% de Sidanco et 33% de Rusia Petroleum, deux sociétés du holding TNK. A eux deux, BP et TNK créent un nouveau géant pétrolier dont chacun sera actionnaire à hauteur de 50%. Ce groupe deviendra le troisième producteur russe derrière Loukoïl et Ioukos, avec une capacité de production de 1,21 million de barils par jour et des réserves estimées à 9,5 milliards de barils. Le nouveau holding russo-britannique comptera cinq raffineries et un réseau de distribution de 2.100 stations en Russie et en Ukraine. Pour John Browne, directeur général de BP, ce contrat est "un grand pas stratégique dans un pays doté d'immenses réserves de gaz et de pétrole et d'un énorme potentiel de croissance dans le futur". L'opération devrait permettre à BP d'augmenter d'un seul coup de 25% ses capacités de production.L'annonce a été saluée par les investisseurs. "Ils jugent que d'autres groupes internationaux vont emboîter le pas à BP et faire des investissements comparables en Russie", estime un analyste de Merrill Lynch cité par Reuters.Même son de cloche optimiste à Moscou. "C'est une très bonne nouvelle, qui révèle l'amélioration du climat des investissements en Russie. De plus, les valeurs pétrolières russes vont certainement en tirer profit", jugeait un économiste russe de la Deutsche Bank, également interrogé par Reuters. Pour ne rien gâter, BP a également annoncé ce matin des résultats meilleurs que prévu. Le bénéfice net (après ajustement et hors effets de stocks) du géant britannique au quatrième trimestre 2002 affiche une forte hausse de 49% par rapport à la même période de l'exercice précédent, à 2,635 milliards de dollars. Un chiffre allant au delà des attentes des analystes, qui évaluaient la hausse à +44 %, et qui s'explique par la flambée du cours du brut à la fin de l'année.Chute de 25% du bénéfice annuelToutefois, le bénéfice net (après ajustement et hors effets de stock) accuse, pour l'ensemble de l'année 2002, une baisse de 25% sur 2001, à 8,715 milliards de dollars. "Lors de l'exercice achevé, l'environnement a montré des signes significatifs de détérioration, avec des prix de vente du gaz plus bas et des marges sur le raffinage sous pression", a souligné John Browne, le directeur général de BP, cité dans un communiqué. "L'effet de ces baisses a été contrebalancé par l'amélioration de nos performances", a-t-il ajouté. Sur l'année 2002, la production totale d'hydrocarbures a progressé de 2,9%. En revanche, le secteur du gaz et des énergies renouvelables a enregistré un fléchissement après la cession de la part détenue par BP dans l'allemand Ruhrgas. Même constat pour la chimie, victime d'une demande plus faible en Europe, et dont le chiffre d'affaires s'est replié à 139 millions de dollars au dernier trimestre 2002, contre 272 millions le trimestre précédent. Enfin, l'activité raffinage a vu son chiffre d'affaires se contracter en raison, notamment, de marges plus faibles aux Etats-Unis.BP investira 20 milliards de dollars au cours des cinq ans à venirPour 2003, le patron de BP estime que "les perspectives pour le cours du brut sont particulièrement incertaines et devraient être affectées par les développements au Venezuela et en Irak, ainsi que par la croissance de l'économie mondiale. Les marges restent très fluctuantes dans le secteur du raffinage". En 2003, les investissements du pétrolier britannique devraient être compris entre 14 et 14,5 milliards de dollars, contre 13,5 milliards en 2002. Selon Reuters, BP investira 20 milliards de dollars en cinq ans dans de nouveaux centres de profit : le Golfe du Mexique, l'Angola, Trinidad, l'Azerbaïdjan et le gas naturel en Asie-Pacifique. A périmètre égal, le groupe estime que ses capacités de production croîtront entre zéro et 3 % en 2003, pour atteindre une croissance moyenne de 3-4 % par an sur la période 2000-2005, et de 5 % par an en 2003-2007.A la Bourse de Londres, en fin d'après-midi, le titre BP gagnait 3,7% à 393,5 pence.
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