Une guerre pour masquer la crise

La guerre en Irak... Ces derniers mois, les investisseurs semblent n'avoir plus que ces mots à la bouche. Ils constituent désormais l'alpha et l'oméga de la vie financière, la cause et l'explication de tout mouvement boursier. La guerre en Irak ? Autant les investisseurs redoutent ses effets sur l'économie mondiale, autant ils l'appelleraient presque de leurs voeux, à tel point leur est pénible l'incertitude qu'elle fait peser, à court terme, sur les marchés financiers. Qui n'en finissent d'ailleurs plus de s'enfoncer : la semaine dernière, le CAC 40 a perdu 4,81%, quand le Dax, à Francfort, a fondu de 6,5%...Ainsi, à peine Colin Powell avait-il entamé devant les Nations-Unies, mercredi dernier, un exposé censé prouver les coupables dissimulations du régime de Saddam Hussein, que les places européennes connaissaient un retour de flamme. Ca y est, pensait-on, les Etats-Unis vont mettre fin au suspense, rallier les partisans du statu quo et annoncer la guerre dans la foulée. Finie l'incertitude... Mais après le constat que la ligne de fracture demeurait entre les membres du Conseil de sécurité sur la conduite à tenir vis-à-vis de l'Irak, la flamme est devenue feu de paille, jusqu'à s'éteindre. Il ne reste plus aujourd'hui qu'à attendre le rapport des inspecteurs de l'ONU, vendredi prochain. De quoi couper court à toute velléité de rebond boursier pour la semaine qui commence...Pourtant, l'absence de tensions en Irak ne rendrait vraisemblablement pas la Bourse plus optimiste qu'elle ne l'est aujourd'hui. Certes, sur la base des seuls fondamentaux économiques, on peut sans doute affirmer que les marchés financiers ne pourraient pas descendre beaucoup plus bas. Mais remonteraient-ils pour autant ? Il est vrai que parmi les entreprises européennes ayant publié leurs résultats 2002, nombre d'entre elles ont consacré leur retour aux bénéfices. Après les avoir vu toutefois chuter les mois ou l'année d'avant... "Les entreprises affirment retarder leurs investissements en raison des tensions internationales. Mais elles n'investiraient pas davantage sans le conflit irakien, du fait des mauvais fondamentaux économiques", estime ainsi un économiste.Comme le note la banque américaine Merrill Lynch, la demande en Europe reste faible, et la confiance des consommateurs, dernier rempart contre la récession, s'amenuise. Ce qui fait craindre à la banque que la croissance européenne en 2003 soit inférieure à ses propres prévisions de 1,2 %. En outre, les entreprises ont d'autres chat à fouetter. A la fin des années 90, elles ont eu massivement recours à la dette pour gonfler rapidement leurs bénéfices. Mais maintenant, il faut rembourser... "Les investisseurs estiment désormais que le taux d'endettement est bien trop élevé. La dette des entreprises européennes est en effet aujourd'hui supérieure aux niveaux historiques de 270 milliards d'euros", confirme le bureau d'analyse d'UBS Warburg. On peut d'ailleurs constater que les entreprises les plus résistantes à la déprime boursière sont justement les moins endettées. On est bien loin de l'Irak...
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.