Buffalo Grill plonge à sa reprise de cotation

L'action du groupe de restauration Buffalo Grill se redressait légèrement en fin d'après-midi et n'abandonnait plus que 43,94% de sa valeur, à 7,40 euros. Mais le début de cette première journée de cotation depuis trois semaines avait été encore pire: l'action avait été d'abord réservée à la baisse jusqu'à 11 heures, avant de s'effondrer de 54,47% à 6,01 euros... La cotation de Buffalo Grill avait été suspendue le 18 décembre en raison de l'effondrement de l'action résultant de la mise en examen des dirigeants du groupe. La chaîne de restauration est soupçonnée d'avoir importé frauduleusement de la viande britannique entre 1996 et 2000, alors même que l'embargo n'a été levé qu'en octobre dernier. Le 6 janvier, Buffalo Grill chiffrait à 3,5 milliards d'euros le manque à gagner en chiffre d'affaires au titre de l'exercice 2002 résultant de la baisse de fréquentation enregistrée par le groupe au cours des deux dernières semaines de l'année. Et à la perte de revenus s'ajoutent les provisions passées pour dépréciation des 138.000 actions autodétenues (1,38 % du capital), valorisées à 15 euros à la fin juin. Au gré des rebondissements de l'enquête, l'action Buffalo Grill risque en tout cas de continuer à être fortement chahutée. Selon un analyste d'Aurel Leven, "la valeur du groupe ressort à 4,5 euros par action, qui nous semble être un point d'entrée sur la valeur". L'analyste juge que "malgré le peu d'éléments financiers dont nous disposons aujourd'hui, il nous paraît néanmoins difficile pour Buffalo d'espérer dégager des résultats positifs sur les deux prochaines années". Un expert de SG Securities fonde, lui, son analyse sur la valeur des actifs au bilan, retraitée de l'endettement. "Cette approche nous conduit à une valeur de 7 euros par action", estime-t-il. Buffalo Grill compte par ailleurs près de 60 millions d'euros d'engagements hors-bilan - constitués par le paiement des redevances restant à payer par les franchisés et dont la société mère est garante - "ce qui conduirait à une valeur de 2 euros par action", détaille SG Securities. A ces engagements correspondent néanmoins des actifs, dont la valeur viendrait s'ajouter à ces 2 euros. "Nous ne sommes pas en mesure de les valoriser", reconnaît l'expert, qui conclut qu'une très forte chute du titre (dans la zone de 1 euro) "pourrait constituer une opportunité de rachat dans une optique spéculative, sachant qu'il semble illusoire d'envisager une cession par le fondateur, majoritaire, en dessous des 7 euros évoqués plus haut".Pendant ce temps, l'enquête continue. Le Canard enchaîné révèle aujourd'hui l'existence d'un courrier électronique qui suscite l'intérêt des enquêteurs. "C'est un stock de pavés fait pendant la vache folle, il faut le passer absolument", écrit dans ce courriel, en septembre 2001, un responsable du service qualité à un gérant d'un des restaurants de la chaîne. Ce gérant s'étonnait de la diminution récente de la qualité et du poids des "pavés" qui lui étaient envoyés par Districoupe, l'entreprise qui approvisionne l'ensemble du groupe en viande. Il a transmis le courriel aux gendarmes en charge de l'enquête. Un peu plus d'un an après cet échange, le gérant du restaurant a été licencié. L'auteur du courrier électronique a précisé aux enquêteurs que le stock de viande surgelée en question provenait d'Amérique Latine. où Buffalo Grill avait décidé de se fournir, le continent européen étant jugé moins sûr à l'époque.
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