EADS reste très prudent pour 2003

C'est dans un contexte des plus incertains, marqué par les difficultés du transport aérien, du secteur aéronautique et par la crise irakienne, qu'EADS publie ses résultats pour l'année 2002. Ils ne provoqueront pas une grande surprise car, en publiant un chiffre d'affaires en baisse de 2,9% à 29,9 milliards d'euros, en février dernier, le géant européen de l'aéronautique avait déjà plus ou moins annoncé la couleur. Il avait indiqué avoir "légèrement" dépassé son objectif d'un bénéfice opérationnel (Ebit) avant amortissement de survaleurs et exceptionnels, de 1,4 milliard d'euros en 2002.De fait, les résultats sont même légèrement supérieurs aux objectifs, avec un Ebit de 1,426 milliard contre 1,694 milliard d'euros en 2001, mais en ligne avec les prévisions des analystes. Ainsi ING anticipait 1,456 milliard tandis que le consensus de Jacques Chahine Finance misait sur 1,418 milliard d'euros. Sur 2001, le recul de l'Ebit est de 16%.EADS dépend toujours d'Airbus dans un marché en criseComme par le passé, c'est Airbus (détenu à 80% par EADS et à 20% par le britannique BAE Systems) qui apporte à sa maison mère l'écrasante majorité de son bénéfice : l'Ebit d'Airbus s'élève à 1,361 milliard d'euros. "En 2002, avec des prises de commande brutes de 300 avions, Airbus a gagné 54% de parts de marché (...). Le carnet de commandes, à fin 2002, place Airbus devant la concurrence pour la troisième année consécutive", indique un communiqué du groupe. Il n'empêche que l'Ebit recule de 18% par rappport à 2001.Quant à la division Espace, elle continue de s'afficher dans le rouge, avec une perte opérationnelle de -268 millions d'euros (contre -221 millions en 2001) et un Ebit en recul de 21%. Le secteur aéronautique (Eurocopter et avions militaires) enregistre un Ebit de 261 millions d'euros, en baisse de 15% sur 2001. Mais, souligne le groupe, "les grands programmes de défense comme le Tigre (hélicoptère militaire) et l'Eurofighter (avion de combat) entrent désormais dans leur phase de livraison et vont fortement doper la croissance future". La branche "avions de transport militaires" enregistre une perte opérationnelle de 80 millions d'euros (contre +1 million l'an passé). La division "systèmes civils et de défense" est la seule à avoir connu un redressement en 2002, avec un Ebit de 40 millions d'euros (contre -79 millions en 2001). Car c'est bien là le talon d'Achille du groupe, numéro deux mondial de l'aéronautique et de la défense : toutes ces branches ne génèrent guère de profit, laissant EADS dépendant d'Airbus dans un marché en crise. En 2002 comme en 2001, le résultat net a été "largement affecté par l'amortissement de la survaleur et des éléments exceptionnels" déclare EADS dans son communiqué. Hors amortissements et exceptionnels, le résultat net est de 696 millions d'euros (contre 809 millions en 2001). Le bénéfice par action a atteint 0,87 euro contre 1 euro en 2001.Pour l'exercice 2002, EADS versera un dividende de 0,30 euro alors que les analystes anticipaient plutôt 0,50 euro. Et le groupe reste extrêmement prudent dans ses pronostics sur l'année 2003. Les tensions diplomatiques entre les Etats-Unis et l'Union européenne au sujet de l'Irak risquent de pénaliser EADS outre-Atlantique. "A coup sûr, la pénétration du marché militaire américain pourrait devenir plus difficile", a déclaré Rainer Hertrich, co-président du groupe, lors de la présentation des comptes.Forte réduction d'emplois dans la division spatialeDans son communiqué, EADS indique viser "des objectifs financiers prudents (...). Dans cet environnement incertain, EADS continuera à donner la priorité à la rentabilité et au contrôle de la trésorerie plutôt qu'à la conquête de nouvelles parts de marché". Ainsi, EADS estime qu'en 2003, son chiffre d'affaires et son bénéfice opérationnel seront du même ordre qu'en 2002, se basant sur une livraison par Airbus de 300 avions. Il maintiendra sa politique de distribution de dividende, qui consiste à distribuer environ 2% de la capitalisation boursière sur la base du cours annuel moyen de l'action. Par ailleurs, EADS va profondément restructurer sa division spatiale, et annonce la suppression d'environ 1.700 postes, en sus des 1.600 emplois éliminés en 2002. "Les charges de restructuration dans l'espace seront d'un peu plus de 200 millions d'euros cette année", a déclaré à Reuters Hans-Peter Ring, directeur financier du groupe européen, interrogé par Reuters. Mais les investisseurs restent défiants vis-à-vis du titre. En un an, il a perdu 60% de sa valeur, dont plus de 34% depuis le début de l'année. Le risque de guerre et ses répercussions sur le transport aérien, qui ne s'est toujours pas remis des conséquences des attentats du 11 septembre 2001, pèsent sur EADS. A la clôture, l'action chute de 7,14% à 6,50 euros.
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