Des marchés dopés à l'IPO ?

Dans un état quasi végétatif depuis trois ans, après la suractivité des années folles de la "bulle", le marché primaire redonne des signes impressionnants de vigueur aux Etats-Unis. Dix nouvelles recrues sont apparues le mois dernier, un record depuis un an, et neuf autres déjà ont suivi le mouvement en novembre. Ce sont au bas mot 45 sociétés qui se sont lancées à l'eau depuis le début de l'année outre-Atlantique. On relèvera avec quelque amertume que la Bourse de Paris n'a pas eu le plaisir de séduire une seule nouvelle société cette année, sinon par transfert (du marché libre au Second marché, du Second au premier marché) ou scission (Kesa/Kingfisher). L'heure n'est plus à la méfiance ou la tiédeur des derniers mois du côté des investisseurs, qui ne boudent pas les fameuses IPO - pour "initial public offering" (offre publique de vente initiale). Bien au contraire. La chaîne de restaurants Buffalo Wild Wings a fait un effet boeuf vendredi sur le Nasdaq : non seulement le prix des actions vendues a été fixé dans le haut de la fourchette, qui avait été relevée pour tenir compte de l'engouement des investisseurs, mais le titre s'est envolé de 35% pour sa première séance de cotation. Faut-il que le marché ait de l'appétit pour ces IPO, pour qu'un courtier inexpérimenté en la matière tente sans complexe d'introduire une société, Billy Dead Inc, montée uniquement pour financer un seul film ? Un projet qui annonce la couleur : aucune prévision de bénéfice ni même de recettes, mise en garde explicite adressée à l'investisseur qui doit "pouvoir se permettre de perdre l'intégralité de son investissement", prévient le prospectus. Les leçons tirées des introductions catastrophiques de certaines biotechs et autres start-ups aux business plans faramineux auront porté leurs fruits. Les excès de la bulle sont peut-être, souhaitons-le, derrière nous, mais le marché a toujours autant de goût pour Internet. Buffalo et les autres ne sont que des amuse-bouche pour les investisseurs friands d'IPO qui salivent d'avance en imaginant l'entrée et le plat de résistance, deux opérations en milliard de dollars: l'introduction de l'agence de voyage en ligne Orbitz, dont la valorisation devrait être arrêtée cette semaine, et celle du moteur de recherche sur Internet Google, pour 2 milliards de dollars, attendue au début de l'année prochaine...
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