Avis de tempête sur Sun

"Dear Scott" : c'est sur ce ton familier et faussement amical que l'un des analystes très influents de Merrill Lynch, Steven Milunovich, se permet de s'adresser au patron du concepteur de serveurs informatiques Sun Microsystems, Scott Mc Nealy. Dans une lettre ouverte en bonne et due forme au PDG et à son conseil, que l'expert a rédigée "pour leur intimer d'agir maintenant", il les met en garde, solennel : "continuer le business habituel ne marchera pas, il est temps de passer aux coups d'audace." Et tout le reste à l'avenant. L'ex-étoile de la high-tech des années 1990 se voit tracer un avenir tout sauf radieux par cet expert qui ne mâche pas ses mots : "Sun va probablement accroître ses pertes financières et boursières, devenir sans intérêt pour la plupart des utilisateurs et finalement être racheté pour sa base de clients". Un constat sans appel qui a trouvé d'autant plus d'écho que Sun venait tout juste de lancer un "profit warning" surprise, annonçant des résultats largement inférieurs au consensus de Wall Street et des pertes pour le trimestre en cours beaucoup plus lourdes que prévu. S'attirant une flopée de dégradations de courtiers et non des moindres, Morgan Stanley et Bear Stearns, en tête et accusant le coup en Bourse par un plongeon de 14% mardi dernier, pour tomber à un plus bas depuis six mois. Pour le moins alarmiste, l'analyste de Merrill n'y va pas par quatre chemins. "Sun se trouve face à une crise. Sun doit devenir rentable rapidement, et les réductions d'effectifs sont inévitables" : 5.000 à 7.000 au bas mot lui semble "être la bonne fourchette", ce qui représente près de 20% des effectifs... Et l'analyste y va de ses "suggestions" : dénonçant la diversification débridée de Sun, il lui conseille se trouver une niche informatique et de se séparer de Java, le langage de programmation universel, "une réussite technologique mais un échec financier." Les attaques se font personnelles et cinglantes, comme le titre de l'étude le suggérait : "Le style impertinent et anticonformiste de Scott était en adéquation avec l'image et le succès de Sun. Mais le numéro commence à dater". Et de lui recommander un bon "relooking", voire de prendre du recul pour ne pas être "la seule face du Soleil." Et sa majesté l'analyste de conclure par une sommation à peine voilée "nous ne pourrons nous montrer plus positifs sur la valeur tant que nous ne verrons pas le management agir selon nos conseils." Les voilà prévenus...
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