Croissance et déficits publics, Sarkozy "sur tous les fronts"

Plus volontariste, tu meurs... Confronté à des exigences parfaitement contradictoires - soutenir l'activité tout en réduisant les déficits, mener une politique sociale tout en remettant sous contrôle des organismes de protection sociale en pleine dérive financière - le nouveau ministre de l'Economie et des Finances, Nicolas Sarkozy, a affirmé mardi à l'occasion de sa première conférence de presse, qu'il va "se battre sur tous les fronts en même temps".Un mois après son entrée en fonction, "Super-Sarko" a livré aux journalistes son diagnostic: "la France n'est pas condamnée à subir", a-t-il affirmé, il "n'y a pas de fatalité à la progression de la dette publique" ni "de raison de se résigner à une croissance molle". Quant à "la désindustrialisation, les délocalisations, le chômage, tout ceci n'est pas inéluctable". Encore faut-il "agir et agir vite". Avec comme priorités de "redresser les finances publiques pour rétablir la confiance, soutenir l'activité malgré le contexte budgétaire contraint, engager une politique industrielle volontariste pour affronter la concurrence mondiale en protégeant l'emploi de nos compatriotes". Régime sec pour les dépenses publiquesAu chapitre du redressement des finances publiques, le ministre a d'abord rappelé que l'objectif de ramener le déficit en dessous de la barre des 3% du PIB en 2005 doit être respecté. Un objectif extrêmement ambitieux auquel ne croient guère les économistes. Cela ne sera "possible", a précisé Nicolas Sarkozy, que si l'assurance maladie est réformée rapidement de manière structurelle.Les dépenses publiques seront sans surprise mises au régime sec, avec un objectif d'augmentation zéro en 2005. La règle du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ne sera pas appliquée sans discernement, mais le sera là où c'est possible, et notamment à Bercy. Toujours pour renflouer les caisses, le ministre a annoncé que "100.000 m2 de bureaux appartenant à l'Etat en centre-ville seront vendus dès cette année" et que "500 à 600 tonnes d'or seront vendues dans les 5 années qui viennent", l'Etat récupérant l'intégralité des intérêts, soit 200 millions d'euros chaque année à partir de la seconde année.Dans ces conditions, la poursuite de la baisse des impôts semble difficile... Mais le ministre des Finances a peut-être trouvé la solution: il souhaite que les innombrables niches fiscales qui amputent les recettes d'impôts de façon importante soient systématiquement passées en revue. Elles devront toutes être "évaluées d'ici à la fin de l'année"; et ces avantages fiscaux seront "limités à une durée de cinq ans et leur efficacité systématiquement mesurée". De quoi susciter des recettes nouvelles qui pourraient être recyclées en diminutions des taux d'imposition "peut-être dès le budget 2005". PrivatisationsLe gouvernement va également se procurer des recettes en poursuivant la politique de privatisation. Nicolas Sarkozy a annoncé le projet de la vente de 35% du capital du motoriste et équipementier aéronautique Snecma, dont l'Etat détient actuellement 97,2%. L'opération est prévue d'ici au 30 juin pour un produit de 1,6 à 2 milliards d'euros. Et d'ici la fin de l'année, le capital des deux sociétés d'autoroutes SANEF (Société des Autoroutes du Nord et de l'Est de la France) et SAPRR (Société des autoroutes Paris-Rhin-Rhône) sera ouvert.Plus fondamentalement, Nicolas Sarkozy souhaite qu'une "loi organique fixe comme règle que, si la croissance est supérieure aux prévisions, au moins la moitié des recettes supplémentaires est affectée à la réduction du déficit". Crédits à la consommation déductiblesAu delà de la maîtrise des finances publiques, le ministre veut soutenir la consommation, clé d'une croissance robuste. Plusieurs mesures sont prévues à cette fin. Une initiative importante va consister à encourager les Français à s'endetter pour consommer, en instaurant une déduction des intérêts des crédits à la consommation dans la limite de 150 euros, et cela pendant deux ans. Autre mesure destinée à conforter la confiance des consommateurs: l'instauration d'une "franchise totale d'impôt" pour les dons des parents à leurs enfants et petits-enfants majeurs réalisés entre le 1er juin 2004 et le 31 mai 2005, jusqu'à 20.000 euros chacun. Afin de stimuler l'activité commerciale, le ministre a annoncé que "des assouplissements supplémentaires seront recherchés à la règle générale de la fermeture dominicale des commerces", avec une extension des dérogations. Il a également affirmé vouloir "s'attaquer au problème des prix dans la grande distribution, dont la dérive explique largement le faible accroissement du pouvoir d'achat des ménages en 2003". Une table ronde se tiendra avec les professionnels du secteur pour rendre "plus transparentes" les relations entre distributeurs et grandes marques.Politique industrielleSur le plan industriel, Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il allait engager "une stratégie de lutte contre les délocalisations" en indiquant qu'il fallait "prendre une initiative d'une réflexion commmunautaire sur le sujet". Le ministre, qui a déjà pesé de tout son poids pour le succès de l'offre de Sanofi sur Aventis, a plaidé hier la cause de la restructuration d'Alstom auprès des services européens de la concurrence. "Ce n'est pas un droit pour l'Etat d'aider ces grands groupes industriels. C'est un devoir. Il faut des années pour créer un grand groupe. Il ne faut que quelques mois pour qu'il disparaisse", a-t-il poursuivi. Le ministre veut notamment promouvoir l'orientation des entreprises françaises vers des activités de plus haute technologie. "Les centres de recherche et de développement des entreprises doivent faire l'objet d'un traitement spécifique", a-t-il estimé. Autre exemple de mesure envisagée: "les aides aux entreprises doivent perdre leur caractère automatique et n'être versées qu'au regard d'un engagement de non délocalisation".
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