Barnier veut se servir de l'Europe pour déployer une "stratégie d'influence"

Michel Barnier arrive au Quai d'Orsay désireux de "garder l'allure, dans tous les sens du terme, que Dominique de Villepin a donné au poste" de ministre des Affaires étrangères, résume un proche, mais aussi avec la volonté "d'imposer un style différent et une valeur ajoutée personnelle."Sans surprise, l'Europe sera l'alpha et l'omega de la diplomatie développée par l'ex-commissaire de Bruxelles (en charge de la politique régionale et des réformes institutionnelles) et ancien ministre des Affaires européennes. Sans elle, pas moyen de développer la "stratégie d'influence française" dont Michel Barnier entend faire la pierre angulaire de sa diplomatie. Il aime à rappeler la formule de Tony Blair selon laquelle "exercer la souveraineté, c'est exercer là où on est le maximum d'influence, en étant au milieu de la discussion." Il entrevoit ainsi pour l'Europe un futur diplomatique où la relation franco-allemande sera "de plus en plus nécessaire mais de moins en moins suffisante". Selon lui, tous les pays qui ont un rôle à l'échelle mondiale, mais aussi des sphères d'influence ou des relations privilégiées "devront mettre davantage au pot commun" afin de construire une véritable diplomatie européenne.Michel Barnier entend jouer les premiers rôles dans la campagne pour les élections européennes pour opposer une "troisième voie" au débat entre "fédéralistes" et "souverainistes", celle d'une "fédération de Nations".Le nouveau ministre des Affaires Etrangères est convaincu des vertus de l'union économique et monétaire - sans l'euro et les critères de Maastricht, estime-t-il, la France aurait dû dévaluer à plusieurs reprises et se résoudre à une succession de plans d'austérité au cours des dernières années. Mais il est également conscient de la nécessité de "moderniser" le pacte européen : il a notamment plaidé pour que les dépenses de recherche ne soient plus prises en compte dans le calcul des déficits publics.On peut également s'attendre à ce que Michel Barnier pousse avec vigueur afin que le projet de constitution européenne soit bouclé en juin. L'alternance en Espagne et le gouvernement en Pologne ont selon lui levé les derniers obstacles. Le problème que constituait la règle de la double majorité (nombre d'Etats membre et population de l'Union) sera résolu "en jouant à la marge sur les pourcentages".Autre déblocage important : le budget européen en négociation pour la période 2007-2013. Six grands pays - Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas, Autriche, Suède et France - ont fait savoir en décembre 2003 à la Commission que ce budget devait être plafonné à 1% du PIB européen, le niveau qu'il atteignait en 2003, avant l'élargissement. En tant que commissaire européen, Michel Barnier a défendu avec force la position de la Commission, réclamant 1,11% du PIB, faute de quoi l'Union européenne ne se donnerait pas les moyens de réussir son élargissement. De deux choses l'une: ou Michel Barnier change de discours en changeant de fonction - une source proche assure que ce ne sera pas le cas - ou c'est la position de la France qui sera modifiée. L'issue prendra très probablement la forme d'un compromis : "on peut passer à un peu moins de 1,11%," assure un familier du dossier.Le nouveau chef de la diplomatie française devra également s'attaquer à un antagonisme américain qui s'était pour partie cristallisé sur son prédécesseur. Il est prêt à émettre des signaux encourageants - à condition qu'ils ne soient pas à sens unique. Il entend enfin être un diplomate pédagogue, qui "prendra le temps d'aller parler aux Français" des mérites de sa politique étrangère.
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