Vigueur inattendue de la croissance française au premier trimestre

Il arrive que les statistiques désarçonnent les économistes. Alors que le consensus de ces derniers sur la croissance du premier trimestre portait sur une hausse de 0,4% du produit intérieur brut (PIB), l'Insee a publié ce matin un chiffre deux fois supérieur. Certes, il ne s'agit que d'une estimation précoce, et donc susceptible de révisions, mais en annonçant une progression de 0,8% du PIB par rapport au trimestre précédent, l'institut crée la surprise. Et la perplexité. Cette publication, parce que précoce, ne s'accompagne d'aucuns détails quant aux différentes composantes de la croissance. Seul commentaire de l'Insee: la progression de 0,8% du PIB est "en ligne avec la consommation effective des ménages". Dans ces conditions, Michel Devilliers, le responsable du département de la conjoncture à l'Institut national de la statistique et des études économiques, a estimé dans des propos rapportés par l'AFP que "la croissance française en 2004 devrait être plus proche de 2% que de 1,7%, la prévision officielle du gouvernement". Il ne devrait effectivement pas être trop difficile d'atteindre voire de dépasser l'objectif gouvernemental puisque l'acquis de croissance pour 2004 - ce que serait de toute façon la croissance moyenne annuelle cette année si le PIB n'augmentait ni ne diminuait plus d'ici la fin de l'année - est de 1,5% à la fin du premier trimestre. Hier, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a pour sa part prévu une croissance de 2% pour la France en 2004 (avant 2,6% en 2005), Outre la consommation des ménages, Laure Maillard , économiste chez CDC Ixis, évoque deux éléments pouvant expliquer la surprenante vigueur de la croissance au premier trimestre. D'une part, le déstockage a peut-être été moins important qu'anticipé; d'autre part, la contribution du commerce extérieur est peut-être finalement neutre alors qu'on l'attendait négative. De ce point de vue, les chiffres du commerce extérieur publiés ce matin (lire ci-dessous) apportent de l'eau au moulin de cette hypothèse. Malgré tout, avec en mémoire les récentes statistiques, qu'elles soient relatives à la production industrielle, à l'emploi ou au niveau des prix, on ne peut que se montrer prudent quant à l'interprétation de ces chiffres pour l'avenir. A la prudence, le nouveau locataire de Bercy préfère toutefois l'enthousiasme. Nicolas Sarkozy s'est félicité dans un communiqué du chiffre de la croissance du premier trimestre. Après 0,6% à chacun des deux derniers trimestres précédents, le ministre de l'Economie considère "qu'avec un rythme annuel de plus de 3% la reprise est bien enclenchée".Relance des exportations Le commerce extérieur de la France a enregistré en mars un excédent de 827 millions d'euros, après un excédent (révisé) de 320 millions d'euros en février. Dans un communiqué, les Douanes expliquent que "la relance des exportations s'est avérée plus vigoureuse que celle des importations en mars". L'excédent cumulé du premier trimestre atteint 2,091 milliards contre 1,330 milliard pour le dernier trimestre de 2003. En mars, les exportations se sont accrues de 1,2 milliard d'euros, à 28,133 milliards d'euros. Cette poussée correspond à un fort dynamisme des ventes industrielles, sans apport de très grands contrats. En première place pour la croissance des exportations, les biens intermédiaires sont aussi moteur pour les importations dont la progression avoisine les 700 millions d'euros à 27,306 milliards d'euros. Les exportations ont bénéficié d'une poussée particulièrement prononcée des ventes de biens intermédiaires (chimie et métaux), de produits pharmaceutiques et d'équipements électriques et électroniques, tandis que l'expansion des ventes de véhicules automobiles se poursuit.
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