Endettez vous !

Les banques peuvent dire merci à Nicolas Sarkozy. Dans la panoplie de mesures annoncées hier par le ministre de l'Economie pour renouer les fils de la confiance, plusieurs pourraient inciter les Français à pousser la porte de leur agence bancaire. Partant du constat que les ménages hexagonaux ne consomment pas assez et épargnent trop, le locataire de Bercy et ses services ont imaginé plusieurs dispositions susceptibles de les inciter à dégarnir leurs bas de laine et à souscrire des crédits.La première concerne la simplification du régime des hypothèques. Long, complexe et onéreux, on nous le promet à l'avenir plus simple et plus rapide. L'objectif est de donner un peu plus de fluidité au marché de l'immobilier : moins de paperasses et moins de frais, voilà qui devrait faire l'unanimité et donner encore un peu plus de tonus à des transactions qui n'en manquaient pas vraiment. Tous les réseaux bancaires le savent, l'investissement immobilier des ménages ne s'est jamais aussi bien porté. Et les acheteurs sont plus sensibles au niveau des taux d'intérêt qu'à la complexité des hypothèques. Pour rester dans le domaine de l'immobilier, l'idée d'autoriser le crédit hypothécaire pour des opérations de consommation courante est plus intrigante. Très développé aux Etats-Unis, ce procédé permet certes d'injecter des sommes massives dans l'économie mais n'est pas sans risques. Gager sa maison ou son appartement n'est pas un acte anodin et on ne peut que souhaiter que les banques feront preuve de discernement si cette disposition voit effectivement le jour. Mais la mesure la plus surprenante annoncée hier concerne l'abattement d'impôts consenti pour tous ceux qui vont souscrire à un prêt à la consommation. Premièrement, l'intérêt de payer moins d'impôts pour payer plus de crédit reste à démontrer. Ensuite, les sommes en jeu sont modestes (150 euros au maximum par an, sur deux années seulement) et devraient donc attirer l'attention des populations les moins aisées. Est-il bien nécessaire de pousser à s'endetter, à des taux relativement élevés, des populations qui peuvent être financièrement fragiles ? On sait qu'un des collègues du ministre de l'Economie s'est battu pour mettre en place des mécanismes plus efficaces de gestion du surendettement. On se demande ce que peut bien penser Jean-Louis Borloo de l'initiative de son collègue des Finances. Les banques, elles, applaudissent. On les comprend.
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