Jean-Pierre Raffarin, droit dans ses bottes

Le mouvement contre l'immobilisme. C'est un Premier ministre désireux de maintenir le cap sur les réformes qui s'est présenté devant les députés cet après-midi pour sa troisième déclaration de politique générale. Limitant au strict minimum son mea culpa après la déroute du scrutin des élections régionales, Jean-Pierre Raffarin, qui a reconnu "des erreurs, des lenteurs", s'est montré ensuite très offensif, dénonçant à plusieurs reprises ceux qui "caricaturent" l'action passée du gouvernement. Faisant, comme son nouveau ministre de l'Economie, de la croissance et de l'emploi les grands axes de la politique de son gouvernement, Jean-Pierre Raffarin a indiqué que l'action de son gouvernement allait prioritairement à l'activité. Dans cette optique, afin de soutenir investissement et production, il a dit à quel point il faisait confiance aux entreprises. Cet appui du gouvernement se retrouve selon lui dans la réforme de la taxe professionnelle mais aussi dans la deuxième loi sur l'initiative économique ou dans les mesures en faveur de l'entreprise personnelle. Toujours dans cette logique, le Premier ministre a annoncé que la politique de privatisation des entreprises du secteur concurrentiel allait s'accélérer. "Nous mènerons à bien les évolutions juridiques nécessaires" pour "assurer l'avenir" d'EDF et GDF, a-t-il ajouté en allusion au statut de ces entreprises publiques. Jean-Pierre Raffarin a également souligné que le rôle du gouvernement était de conforter les bases industrielles du pays, "notamment en favorisant les alliances" et de citer le secteur ferroviaire, l'automobile, l'aéronautique, l'agroalimentaires, l'espace, les télécommunications et la pharmacie. Pour Jean-Pierre Raffarin, le gouvernement doit protéger "les centres de décision et l'emploi", des allusions à peine voilées à l'OPA de Sanofi sur Aventis. Les pouvoirs publics ont pris fait et cause pour Sanofi-Synthélabo et manifesté leur opposition à l'intervention dans cette bataille du "chevalier blanc" helvétique Novartis.Toujours dans la sphère industrielle, le Premier ministre a annoncé que la France va "devoir s'engager" sur la "voie" du réacteur nucléaire de 3ème génération à eau pressurisée (EPR). Un sujet dont le Parlement sera appelé à débattre "dans les prochaines semaines". A côté de l'activité, Jean-Pierre Raffarin a affirmé la nécessité d'un soutien au pouvoir d'achat. Le Premier ministre s'est engagé sur une hausse du pouvoir d'achat du SMIC horaire de 3,7% le 1er juillet prochain et le 1er juillet 2005. Les finances publiques seront aussi mobilisées à travers la poursuite de la baisse des impôts de l'Etat. Dans ce contexte, quid des déficits publics? Le locataire de Matignon estime que "le retour de la croissance nous permettra de maîtriser nos déficits excessifs et de les réduire sous la limite des 3%" du PIB, sans évoquer toutefois de date pour ce retour dans les normes européennes. La "mobilisation des finances publiques" est "fondée sur des dépenses publiques maîtrisées" - via une "évolution de nos pratiques administratives" et des "réorganisations nécessaires dans l'Etat" - ainsi que sur "la baisse des impôts de l'Etat", a-t-il dit. Réaffirmant que la priorité va au travail, le Premier ministre a indiqué que la loi de mobilisation pour l'emploi sera présentée devant le Parlement dans "les prochaines semaines". Avec ce texte, "chaque jeune se verra garantir un droit effectif à la formation, à l'activité ou à l'emploi" a indiqué le Premier ministre qui a aussi insisté sur la mise en place d'un droit individuel à la formation et la création d'un droit à la deuxième chance pour ceux qui sont sortis prématurément du système scolaire. Jean-Pierre Raffarin a déclaré vouloir lever les contraintes des entreprises en matière d'embauche. Dans cette optique, il attend beaucoup des négociations sur les restructurations engagées par les partenaires sociaux. En cas d'accord, celui-ci aura force de loi. Dans le cas contraire, "le gouvernement prendra ses responsabilités". C'est dans ce cadre également qu'il faut comprendre la volonté affichée de moderniser le service public de l'emploi. Quant au chantier le plus épineux à venir, à savoir la réforme du système français de protection sociale, Jean-Pierre Raffarin a voulu démontrer sa détermination. Il a annoncé que le projet de loi de réforme de l'assurance maladie serait "débattu au Parlement à l'été, comme prévu". Les quatre objectifs de cette réforme sont: "l'organisation de notre système de soins et la qualité des soins", la "lutte contre les gaspillages", la "clarification des responsabilités entre l'Etat et les gestionnaires de l'assurance maladie" et le "rééquilibrage des comptes". Sur la méthode, le Premier ministre a déclaré vouloir - comme dans le débat sur la laïcité - associer l'opposition à cette réforme "car ce qui est en jeu, c'est la solidarité nationale", a-t-il expliqué.Pour le reste, Jean-Pierre Raffarin s'est inscrit dans le droit fil des déclarations récentes de Jacques Chirac. Il a ainsi déclaré que son gouvernement apporterait "des améliorations au régime de l'allocation spécifique de solidarité" (ASS) comme l'a demandé le chef de l'Etat. Il a aussi souhaité qu'une "issue rapide soit trouvée à la question immédiate des emplois" scientifiques avec simultanément un "débat sur les métiers de la recherche". Enfin, déclarant qu'il veillerait à "soutenir les efforts des partenaires sociaux pour résoudre les tensions qui fragilisent nos pratiques culturelles", il a précisé que le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres "engagera avec les artistes un dialogue nouveau", en référence à la question du chômage des intermittents du spectacle.
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