Nouvelle dégradation du budget de l'Etat

C'est un nouveau dérapage substantiel des finances publiques qui a été observé en février dernier, avec un déficit de 20,86 milliards d'euros, en hausse de 35% sur un an. Un mauvais chiffre qui intervient alors que se multiplient les questions sur le réalisme des engagements pris par la France en matière de réduction de ses déficits.Selon les chiffres publiés ce mardi par le secrétariat d'Etat au Budget, le solde général d'exécution du budget de l'Etat a donc affiché un déficit de 20,86 milliards d'euros à fin février, contre 15,47 milliards un an plus tôt. Les dépenses du budget général se sont élevées à 49,26 milliards d'euros, supérieures de 7,22 milliards à celles de fin février 2003, soit +17,2%. Quant aux recettes nettes, si elles ont elles aussi augmenté, ce n'est que de 5%, à 33,7 milliards d'euros. A la différence entre dépenses et recettes s'ajoute enfin le solde des comptes spéciaux du Trésor, qui a eu un impact négatif de 5,30 milliards. Selon Bercy, la forte augmentation des dépenses résulte de paiements effectués cette année plus tôt qu'en 2003, notamment pour les budgets de la recherche, de l'enseignement supérieur, de l'enseignement scolaire, de la culture et de l'agriculture. Un phénomène qui ne serait donc pas inquiétant, estime le ministère, qui souligne que "cette progression apparente des dépenses, portant au demeurant sur des masses encore faibles, est donc appelée à se résorber dans les prochains mois". De même, l'augmentation de 10,1% sur un an de la charge nette de la dette résulterait pour l'essentiel d'effets de calendrier, et devrait donc "se dissiper au cours des tout prochains mois", selon le ministère. Côté recettes, la progression tient principalement à l'augmentation des recettes non fiscales en février cette année, "suite au versement au budget de l'Etat, le 16 février, de 1,2 milliard d'euros par EDF au titre du remboursement d'aides fiscales voulu par les instances européennes". Même si des facteurs techniques ont pu jouer, les chiffres de février témoignent d'une nette dégradation après ceux de janvier. Le premier mois de l'année s'était en effet soldé par un déficit de 11,7 milliards d'euros, en hausse de 23% sur un an.Surtout, ils sont publiés au moment où les interrogations se multiplient quant à la validité des engagements pris par le gouvernement pour rétablir les finances publiques. On sait que, après une année 2003 catastrophique, marquée par une explosion du déficit public à 4,1% du PIB - c'est à dire très au dessus du plafond de 3% prévu par le Pacte de stabilité - les pouvoirs publics ont prévu pour cette année de ramener le déficit à 3,6%, avant de revenir sous la barre des 3% l'année prochaine. Mais selon certaines fuites en provenance de Bercy, il semblerait que l'administration elle-même redoute que le déficit reste inchangé en 2004 (à 4,1% du PIB) et demeure à 4% en 2005 (lire ci-contre). Pour Nicolas Sarkozy, le tout nouveau ministre des Finances, qui doit jongler entre les promesses faites par le président de la République de débloquer des fonds pour les chômeurs en fin de droit et les chercheurs, les engagements de baisses d'impôts et les obligations européennes, la situation budgétaire de la France apparaît bien comme un problème inextricable.S'exprimant à l'Assemblé nationale, le ministre des Finances n'en a pas moins assuré mardi après-midi qu'il n'était "pas question de laisser filer les déficits". "Qu'on ne compte pas sur moi pour mener une politique qui conduirait le pays à rien d'autre qu'au désastre financier", a lancé Nicolas Sarkozy avant d'ajouter : "des engagements ont été pris, nous les tiendrons". Le ministre n'a en revanche pas commenté les informations sur la perspective d'un déficit maintenu à 4% l'année prochaine.
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