Pour les dirigeants des Dix, l'adhésion ne paie pas...

Au regard du résultat des différents référendums sur l'entrée des dix nouveaux pays dans l'Union européenne, on pourrait croire que les gouvernements de ces derniers bénéficient, à trois mois du 1er mai, d'un large consensus. Mais il n'en est rien. Bien au contraire, il ne fait pas bon être gouvernant en ce moment dans un des pays "entrants". Le Premier ministre letton Einar Repse l'a appris à ses dépens. Le 5 février dernier, sa coalition parlementaire a volé en éclat et il lui a fallu démissionner. A priori, cette crise parlementaire n'a rien à voir avec l'adhésion de la Lettonie à l'Union. Einar Repse est tombé sur une sombre affaire de crédit préférentiel qu'il aurait obtenu en faisant valoir sa position. Un de ses partenaires de la coalition a soutenu l'idée d'une enquête sur le sujet, provoquant sa sortie de l'alliance et la chute du gouvernement.Reste que la coalition gouvernementale avait été formée en vue de l'adhésion à l'Union - le seul point commun entre ses membres étant leurs positions pro-européenne. Cette crise gouvernementale n'est donc pas sans risque dans un pays où les eurosceptiques ont longtemps frôlé la majorité dans les sondages et où un tiers des électeurs ont voté "non" à l'Europe le 20 septembre dernier. Sans compter que le travail est loin d'être fini: le processus d'intégration dans l'Union n'est pas achevé. Beaucoup reste à faire, notamment en termes d'harmonisation sanitaire dans l'agriculture et de fiscalité. Sans gouvernement, le pays risque de prendre du retard avant son entrée dans l'Union. Mais le cas letton n'est pas isolé. La plupart des gouvernements qui ont négocié et soutenu l'adhésion sont aujourd'hui en position délicate. En Pologne, le gouvernement, très impopulaire en ce moment, a lui aussi perdu sa majorité à la Diète. Cette fois, précisément sur la question des réformes liées à l'entrée dans l'UE. Ailleurs, la popularité des gouvernants est mise à rude épreuve. En Hongrie, le Premier ministre a battu en janvier un record historique d'impopularité, avec seulement 43% d'opinions favorables (-9 points en un mois). Et en République tchèque, le gouvernement est confronté au même phénomène. Même si de telles situations existent aussi chez les anciens membres de l'Union - que l'on pense, par exemple, au cas de l'Italie, qui a toujours été un pilier de la construction européenne tout en vivant une quasi-instabilité gouvernementale permanente - cette situation est révélatrice du scepticisme grandissant - voire d'une certaine hostilité - des peuples d'Europe de l'Est vis-à-vis de l'Union européenne. Cette situation n'a en fait rien d'étonnant. La politique de marche forcée de ces pays vers l'Union a évidemment un coût économique et social, notamment en termes fiscaux. D'autant que la plupart des pays visent une entrée à moyen terme dans la zone euro, ce qui signifie une politique de rigueur budgétaire drastique. De quoi stimuler de plus en plus le mécontentement et favoriser la montée de nouveaux mouvements populistes. En Pologne, le parti "Autodéfense", qui joue sur le mécontentement vis-à-vis de l'Union, est crédité de 17% des voix. En Slovaquie, le parti Smer, lui aussi ouvertement populiste, pourrait rafler un cinquième des suffrages. De quoi permettre à ces démocraties de ressembler un peu plus à leurs cousines de l'Ouest... avec l'émergence de mouvements populistes dans leur électorat.
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