Le moral des ménages américains résiste encore

Les ménages américains seraient-ils sur le point de sortir de leur déprime? Après l'encourageante remontée de l'indice de l'Université du Michigan en mars (+1,4 point), l'indice de confiance du Conference Board n'a reculé au cours du même mois que de 0,2 point à 88,3. Une stabilité qui a surpris les économistes qui, selon CDC-Ixis, tablaient en moyenne sur un indice à 86. Reste évidemment qu'il faut se garder de tout optimisme. Cette bonne tenue est en effet principalement due à la remontée du sous-indice jugeant de la situation actuelle. Ce dernier gagne en effet 0,8 point à 84,1. En revanche, l'indice des attentes, qui donne le sentiment des ménages sur l'amélioration ou la détérioration de leur situation dans les six mois à venir est en recul de 0,9 point à 91. Cette défiance vis-à-vis de l'avenir s'explique simplement par la situation du marché de l'emploi. Parmi les ménages interrogés par le Conference Board, 30% (+1,1 point) estiment que le travail est difficile à trouver, contre 14,7% (+0,2 point) qui pensent qu'il est aisé de trouver un emploi. De même, ils sont 17,3% à penser que le travail sera de plus en plus difficile à trouver contre 15,7% qui pensent le contraire. Du coup, 10,1% des personnes interrogées estiment que leurs revenus vont décliner dans les six mois à venir, soit une hausse sur un mois de 1,7 point. Bref, les ménages sont attentistes. Ils sentent que la situation globale de l'économie est meilleure, mais ils ne savent pas s'ils pourront en profiter. En conséquence, les consommateurs américains se remettent à épargner, comme l'a montré la récente remontée du taux d'épargne et le recul de la croissance de la consommation. Or, le danger pour l'économie américaine est justement là. Lorsque, le mois prochain, l'effet des cadeaux fiscaux de l'administration Bush cessera de se faire sentir, que feront les ménages? Si le marché de l'emploi reste aussi déprimé qu'il l'est actuellement, nul doute que la consommation marquera un coup d'arrêt qui sera délicat à gérer pour la croissance américaine. De fait, comme le souligne Véronique Riches-Flores, économiste chez Société Générale, la "voie est étroite pour la croissance américaine". Selon ses chiffres, il faudrait 200.000 emplois nets créés par mois en moyenne en 2004 pour obtenir la croissance du consensus (4,5%). En 2005, il faudrait une moyenne de 310.000 emplois créés chaque mois pour atteindre les 3,5% de croissance attendus par les économistes. On en est bien loin et on ne voit rien venir de ce côté.
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