Les partis au pouvoir sanctionnés en Europe

C'est une double claque pour les majorités politiques au pouvoir dans les pays européens. Car non seulement les électeurs ont majoritairement boudé les urnes, mais quand il se sont déplacés, c'était pour sanctionner les équipes en place. C'est l'Allemagne qui illustre le mieux cette tendance: près de 60% des électeurs n'ont pas jugé utile d'aller voter. Les 40% restants ont infligé une correction retentissante au SPD de Gerhard Schröder, qui, avec 21,5% des voix, est écrasé par l'opposition conservatrice CDU-CSU (44,8%). Le mécontentement né des réformes économiques et sociales a largement surpassé les enjeux européens outre-Rhin.En France, l'UMP, parti du Premier ministre et du Président de la République, ne recueille que 16,64% des voix, talonné par l'UDF (11,65%), et largement distancé par le Parti Socialiste (28,89%). La parti de la majorité continue de payer le prix des réformes impopulaires entreprises depuis l'année dernière, et du taux de chômage très élevé, à 9,8% (lire ci-contre).Au Royaume-Uni, c'est l'opposition à la guerre en Irak et au rôle joué dans celle-ci par le Premier ministre Tony Blair, qui a causé le mauvais score des travaillistes, trois jours après une sévère défaite aux élections locales. Le parti UKIP, qui souhaite carrément sortir le Royaume-Uni de l'UE, a lui recueilli près de 20% des voix. Une claque, là encore, pour le Labour, partisan d'une intégration plus forte du Royaume-Uni dans l'UE.En Italie, Forza Italia, le parti du Premier ministre Silvio Berlusconi, enregistre son plus mauvais score (20,5%) depuis sa création en 1994. Mais les partis de centre droit, alliés à Forza Italia au gouvernement, récupèrent une partie des électeurs mécontents de Berlusconi.Ailleurs, le social-démocrate suédois Goeran Persson, le libéral belge Guy Verhofstadt, ou le conservateur autrichien Wolgang Schuessel ont eux aussi été désavoués par les urnes, tout comme la plupart des dirigeants des dix pays qui ont rejoint l'UE le 1er mai dernier.Jamais, depuis les premières élections européennes en 1979, l'intérêt n'avait été aussi faible pour ce scrutin. C'est paradoxalement chez les nouveaux entrants que l'abstention est la plus forte: 74% en moyenne. La palme du non-civisme revient à la Pologne, où 20% seulement des électeurs ont voté. Le prix de la motivation revient en revanche à Malte, où l'abstention n'a été que de 18%. En Belgique et au Luxembourg, le vote est obligatoire sous peine d'amende, si bien que la participation y a dépassé là-bas les 80%."Ce sont les pires élections", a reconnu l'Irlandais Pat Cox, président sortant du Parlement européen. Un Parlement qui devrait, selon les projections, rester à droite. Mais la scission probable de certains députés centristes et europhiles du PPE (Parti Populaire Européen - droite) pourrait fragiliser la majorité à l'Assemblée de Strasbourg. Les députés français UDF et les allemands CDU souhaitent en effet constituer un groupe chrétien-démocrate hors du PPE. Autre caractéristique de ce nouveau Parlement: la place qu'y tiendront les députés eurosceptiques des différents pays et notamment des nouveaux entrants: ils pourraient représenter quelque 15% de l'assemblée de Strasbourg, contre moins de 10% jusqu'ici.
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