Sur un air d'OPA

Encore une OPA dans les télécoms ? Une semaine après la victoire au finish de l'américain Cingular dans la course à la reprise d'AT&T Wireless, passé sous le nez du numéro un mondial de la téléphonie mobile, le britannique Vodafone, l'effervescence gagne l'Europe. Vodafone va-t-il se rabattre sur l'irréductible gaulois SFR en se lançant à l'assaut de Vivendi Universal, qui le contrôle? Non, en tout cas pas dans l'immédiat. Mais c'est sur les terres de Vodafone que l'action risque de se passer. La cible est l'une des plus "brûlantes" du secteur, disent les spécialistes : numéro six européen, présent en Grande-Bretagne, en Irlande et en Allemagne, mmO2, né de la scission des activités mobiles de BT en novembre 2001, serait trop petit pour survivre seul, notamment au regard des investissements à venir dans l'UMTS. Le patron du groupe a même annoncé la couleur pour sa filiale allemande, O2 Germany : il est ouvert à toutes les propositions, vente ou fusion. Mais pas à n'importe quel prix, et mmO2 de snober l'offre du néerlandais KPN, qui lui aurait proposé une offre digne d'une "Dutch auction", ces enchères à la hollandaise, c'est-à-dire au rabais - tout ce qui est "Dutch" dans la langue de Shakespeare étant associé à la parcimonie. No thank you, a préféré répondre mmO2 vendredi, mettant un terme aux négociations engagées la semaine passée. Pourtant, selon les montants évoqués par la presse dominicale britannique, l'offre n'était pas si chiche : 9,5 milliards de livres, environ 14 milliards d'euros, et une prime de 20% par rapport au dernier cours de vendredi. Un cours qui a quasi doublé en un an, soit trois fois mieux que l'indice Stoxx Telecom. Une envolée nourrie par la spéculation : KPN et mmO2 ont déjà tenté de s'entendre sans succès à plusieurs reprises, et en novembre dernier c'est au japonais NTT DoCoMo que l'on prêtait des visées sur le Britannique. Mais le Batave ne craint pas la bataille : un porte-parole de KPN laissait entendre hier que le groupe de télécoms basé à La Haye n'excluait pas de se lancer dans une offre hostile. Le patron de l'opérateur historique du plat pays aura tout le loisir d'expliquer ses vues ce matin à la présentation de ses résultats annuels. Gageons que cette réunion connaîtra une affluence record et qu'il devrait souffler comme un air d'OPA sur la City...
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