Non seulement la Banque centrale européenne n'a pas modifié ses taux d'intérêt, cet après-midi, contrairement à la Banque d'Angleterre qui a relevé les siens d'un quart de point (lire ci-dessous), mais elle n'a en outre "absolument aucun biais", ni à la hausse, ni à la baisse des taux pour l'avenir proche : c'est ce qu'a affirmé son président Jean-Claude Trichet, dans une conférence de presse.Réunie exceptionnellement à Helsinki, la BCE a donc décidé de ne pas bouger, comme s'y attendaient l'ensemble des économistes. Commentant cette décision, Jean-Claude Trichet a affirmé que la banque garde "toutes les options ouvertes" quant à l'évolution de ses taux d'intérêt directeurs. Une attitude qui ne contraste pas seulement avec celle de la BoE, mais aussi avec celle de la Réserve fédérale américaine, qui a indiqué mardi soir qu'un relèvement de ses taux se profile désormais à l'horizon.La BCE continue en fait à porter un jugement nuancé sur la situation économique de la zone euro. Les récents indicateurs brossent un tableau "plus encourageant" de celle-ci, estime-t-il, même si le tableau conjoncturel général demeure "contrasté". Jean-Claude Trichet a notamment souligné la progression de l'indice des directeurs d'achat du secteur manufacturier de la zone euro, qui s'est une nouvelle fois redressé en avril pour atteindre son plus haut niveau depuis près de quatre ans. Pour le président de la BCE, les conditions d'une reprise économique dans la zone euro "restent en place".La prudence demeure toutefois de mise. Jean-Claude Trichet s'en est ainsi pris une fois de plus aux "incertitudes entourant la politique budgétaire et les réformes structurelles dans certains pays de la zone euro", qui pèsent selon lui sur la confiance des consommateurs. Autre sujet d'inquiétude : la flambée actuelle des prix du pétrole et ses implications potentielles en matière d'inflation. La hausse des prix des matières premières en général, et des prix du pétrole en particulier, pourrait "poser un risque concernant la stabilité des prix en zone euro", a affirmé le président de la BCE, qui a appelé les pays de l'OPEP à adopter une attitude "raisonnable" en ne faisant pas remonter les prix via une baisse de leur production. Finalement, a-t-il estimé, à 2%, le niveau actuel des taux directeurs reste "en ligne" avec l'objectif de maintien de la stabilité des prix en zone euro.La Banque d'Angleterre relève ses taux d'un quart de pointLa BoE a porté son taux directeur à 4,25%. Une mesure attendue par la quasi-totalité des économistes, et qui vise à enrayer la soif inextinguible de consommation et d'endettement des ménages britanniques. En novembre et février derniers, déjà, la BoE avait augmenté ses taux d'intérêt de 25 points de base à chaque fois. Le contexte est toujours le même: l'économie du Royaume-Uni se porte fort bien, au point que des signes de surchauffe apparaissent. Dans son communiqué, la BoE souligne ainsi que "les dépenses de consommation continuent à être soutenues, confortées par la croissance des revenus et une inflation des prix immobiliers plus forte qu'escompté". Les ventes au détail en Grande-Bretagne croissent actuellement sur un rythme annualisé de 6,4%. Les crédits à la consommation sont en pleine forme, avec une progression de 14,8% sur un an. Surtout, le marché immobilier est toujours aussi enthousiaste. Selon le dernier baromètre mensuel de la banque Halifax, les prix de l'immobilier en Grande-Bretagne continuent sur leur lancée, avec une nouvelle progression de 1,8% en avril, soit 19,1% en glissement annuel. Pour la BoE, il importe donc de freiner la spéculation immobilière avant que la bulle n'éclate. Les crédits immobiliers souscrits par les acheteurs britanniques étant presque systématiquement à taux variable, un relèvement des taux de la banque centrale a un effet immédiat: toutes les mensualités des crédits en cours s'en trouvent renchéries...

latribune.fr

19 Oct 2008, 22:48

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