G7, une juxtaposition de positions n'est pas un accord

On retiendra ces quelques phrases du florilège de réactions, hier, des experts des grandes places financières à la lecture du communiqué du G7 de Boca Raton : "ce communiqué est loin d'appeler les marchés à faire preuve de stabilité" (Paul Mackel, ABN Amro) ; "le marché des changes est aujourd'hui plus ou moins dans la même situation que la semaine dernière. Il n'y a rien dans le communiqué disant que la faiblesse du billet vert est un problème pour l'économie mondiale et que le G7 va faire quelque chose pour modifier tout cela" (Audrey Childe-Freeman, CIBC) ; "un message de statu quo pour la faiblesse du dollar" (Junya Tanase, JP Morgan Chase).Bref, les marchés financiers ont soupesé chaque mot et chaque virgule et en ont conclu qu'on ne leur disait... pas grand chose.Les Européens ont pourtant brandi comme une victoire la phrase suivante : "une volatilité excessive et des mouvements désordonnés de taux de changes sont indésirables pour la croissance économique." Ce constat pose toutefois deux problèmes. D'abord, rien n'est dit d'une éventuelle intention du G7 de répliquer de manière concertée à ces "mouvements indésirables". Ensuite, l'entourage du secrétaire au Trésor John Snow s'est empressé de faire savoir qu'à ses yeux, les qualificatifs "excessif" et "désordonné" ne s'appliquaient en rien aux mouvements récents du dollar, lesquels sont en l'occurrence parfaitement bienvenus. Dans ces conditions, c'eut été beaucoup demander au marché que de lire dans ces quelques mots une volonté affirmée d'inverser la tendance.La délégation américaine a obtenu que soit réitéré le fait que "une plus grande flexibilité des taux de change est souhaitables pour ceux des pays ou zones économiques où une telle flexibilité fait défaut". La formulation se voulait plus claire qu'à Dubaï, lieu du précédent G7 Finances : plusieurs pays asiatiques, Chine en tête, étaient cette fois clairement visés, et non la zone euro.En gros, chacun a donc obtenu du G7 ce qu'il en attendait. Mais une juxtaposition des exigences des uns et des autres ne fait pas un accord. Les marchés ne s'y sont pas trompés. Ils ont lu les mots. Ils attendent des actes.
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