Pas de photos s'il vous plait !

Le "progrès" mène parfois à de fausses bonnes idées. Ou du moins à des gadgets à double tranchant. C'est en tout cas ce que l'on doit commencer à se dire chez certains constructeurs de téléphones portables. Voilà quelques mois qu'ils ont multiplié dans leur gamme les modèles avec appareil photo, également appelés "camera phones". Comme souvent, la mode est venue du Japon, où la quasi-totalité des téléphones qui se vendent depuis deux ans permettent de prendre des clichés. Et, en occident, si le succès n'est pas aussi total, il est en tout cas bien réel.Mais ces téléphones, que l'on savait pratiques et ludiques, révèlent leur côté dangereux. L'information a d'ailleurs mérité la "Une" d'un grand quotidien économique anglo-saxon cette semaine : sous la pression de l'opérateur américain Sprint, PalmOne, fabriquant d'un téléphone assistant personnel multimédia dédié à la clientèle professionnelle, a décidé de modifier celui-ci en lui retirant sa fonction appareil photo. Tant pis si la présence de cet appareil était présenté au lancement comme un véritable "plus". C'est que PalmSource et Sprint n'ont pu que constater un raidissement de leur clientèle d'entreprises sur la question des téléphones appareil photo. La crainte de l'espionnage industriel et les préoccupations de sécurité ont en effet conduit plusieurs sociétés à bannir de leur enceinte les téléphones munis d'un appareil photo. La menace devenait en effet trop importante, avec des téléphones sans cesse plus sophistiqués, dont certains atteignent déjà la qualité d'un véritable appareil photo, quand ils ne permettent tout simplement pas d'enregistrer des clips vidéos de plusieurs dizaines de secondes.Il est piquant de noter que ce sont de grandes entreprises "high tech" comme Intel, voire des fabricants de mobiles comme Samsung, qui ont interdit avec fracas les "camera phones". Ils ont rejoint en cela de nombreuses institutions gouvernementales, des tribunaux, ou encore des banques. Ce qui commence à faire beaucoup pour un produit dont on prédit des ventes en croissance phénoménale dans les prochaines années.D'autant plus que la liste des effets pervers des "camera phones" ne s'arrête pas à l'espionnage industriel. Après le Japon, la Grande-Bretagne a découvert qu'ils pouvaient favoriser le développement de trafics de photos "volées" à caractère pornographique, voire pédophile. Quand nombre de clubs de gym leur interdisent l'entrée, certains pays exigent que le déclenchement de l'appareil produise obligatoirement un son afin de rendre plus difficile le "vol" de photos sur la voie publique. Le préjudice concerne souvent des personnes privées, mais il concerne parfois aussi des images protégées comme des oeuvres d'art, "volées" dans des musées ou des expositions.Le téléphone appareil photo est donc de façon assez cocasse dans le collimateur. Et il est probable qu'après l'indulgence liée à la nouveauté du gadget, les contraintes apparaîtront bientôt plus clairement. Elles risquent d'être réclamées par les entreprises au pouvoirs publics et elles ne seront sans doute pas sans incidence sur les ventes.
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