Trop d'Irak, pas assez d'emploi dans le discours sur l'Etat de l'Union de George Bush

"Trop d'Irak, pas assez d'emploi" : le verdict, donné par une électrice potentielle sur CNN à l'issue du traditionnel discours sur l'Etat de l'Union, pourrait hanter le président Bush en cette année électorale. De fait, le président a préféré consacrer la moitié de son discours, prononcé hier soir, à une nouvelle justification de l'invasion de l'Irak. Du coup, certains observateurs sont restés sur leur faim. Car le président, s'il a évidemment répété ce qu'il dit déjà depuis plusieurs mois, à savoir que le Congrès, devant lequel il s'exprimait, doit rendre permanentes les réductions d'impôts accordées à titre temporaire, le tout dans le but de continuer de doper la croissance, n'a pas été très bavard sur l'économie. Pourtant, selon les derniers sondages, ce sont les problèmes économiques, depuis l'emploi jusqu'au prix des médicaments et de l'assurance maladie, qui préoccupent les Américains en premier lieu. S'il a déclaré d'emblée que l'emploi repartait, ce qui demande encore à être vérifié, le président s'est contenté d'évoquer, concernant l'aide à la recherche d'un emploi, qu'il prônait la création de programmes visant à mieux préparer les lycéens à un job de plus en plus technique à l'avenir. Il a été plus précis sur l'assurance maladie, en suggérant que le Congrès vote une loi favorisant l'accès à une telle assurance. Plus de 40 millions d'Américains vivent actuellement sans assurance maladie, pour une simple et bonne raison : ils ne peuvent pas se l'offrir. Si le président refuse l'idée d'une couverture universelle gérée par l'Etat, il propose d'une part que les petites entreprises se regroupent pour négocier avec les compagnies d'assurance privées des primes plus raisonnables, à partager avec les salariés. Et de l'autre, il milite pour que le montant des primes qui seraient versées par un ménage pour s'assurer contre les "catastrophes médicales" soient déductibles à 100% des impôts. Enfin, il suggère la création de comptes d'épargne, visant à assurer une meilleure protection santé, et dont la fiscalité serait allégée. Par ailleurs, concernant les pensions, le président Bush a réitéré sa volonté de développer une privatisation partielle des caisses de retraite publiques, par laquelle les salariés pourraient opter pour des comptes d'épargne retraites personnels. Si le discours a été salué par ses supporters républicains, les démocrates, tel le sénateur Ted Kennedy, ne cachaient pas leur opposition. Même l'engagement de réduire le déficit de moitié sur 5 ans semblait les laisser sceptiques. A l'image du Congrès divisé sur nombre de sujets, il semble que l'Union le soit aussi. Au lendemain de la première consultation électorale démocrate, le caucus de l'Iowa, le discours, éminemment politique, du président Bush, n'aura sans doute pas comblé le fossé entre les deux Amériques.
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