Le grand marchandage des maisons de disques

Depuis quelques semaines, les grandes maisons de disques mènent tout un battage médiatique autour du piratage en ligne. Selon elles, ce phénomène est responsable de la dégringolade des ventes et par là même de leurs bénéfices. Si l'on suit leur raisonnement, elles ne vont plus pouvoir découvrir de jeunes talents ni financer les futures réalisations de leurs vedettes. Le problème est devenu tellement crucial que certaines n'ont pas hésité à virer une partie de leur personnel et à rayer de leur catalogue les chanteurs qui ne faisaient plus recette.Il n'est pas question ici de justifier le piratage de musique en ligne. Tout comme le piratage des logiciels, celui de la musique ou de la vidéo est répréhensible. Il s'apparente à une culture du "gratuit" et de l'appropriation du travail d'autrui qui est insupportable à tous les créateurs qu'ils soient musiciens, réalisateurs, écrivains ou même journalistes.Néanmoins, ce débat laisse sceptique car à écouter les "majors", la culpabilité semble être uniquement dans un camp, à savoir celui des copieurs. A aucun moment, les grandes maisons de disques ne se sont interrogées sur les raisons du piratage. Alors que les éditeurs de logiciels informatiques qui sont, rappelons-le, confrontés au même problème, ont déjà assoupli leur position (chaque utilisateur peut faire une copie d'un logiciel pour un usage personnel), les "majors" restent inébranlables : "c'est de la faute des utilisateurs", clament-elles unanimement, "le piratage et lui seul tue notre métier". Le fait qu'un CD qui coûte au plus 5 ou 6 euros à produire soit vendu environ 20 euros ou que la différence de prix entre la France et les Etats-Unis soit parfois de 30% ne leur semblent pas être une raison qui pousse les gens à copier. Et pourtant, c'est bien le cas.La culture musicale reste chère et explique certainement pourquoi un nombre croissant de personnes ont recours à la copie pour pouvoir accéder à leur loisir. Par ailleurs, les majors auraient tort de vouloir diaboliser Internet. Ainsi, la semaine dernière, Apple a annoncé avoir vendu en huit jours 3,3 millions de morceaux sur son site de vente de musique en ligne iTunes. Et si le constructeur américain récupère quelques cents sur chaque chanson, la plus grosse partie file chez les maisons de disques. Et iTunes n'est pas le seul exemple de réussite de vente de musique en ligne. Peu à peu, le modèle montre son efficacité et les maisons de disques, plutôt que de pleurer sur leur sort et de nous culpabiliser, feraient peut être bien de se réformer pour tirer profit de ce nouveau mode commercial qui à terme peut s'avérer aussi intéressant pour les artistes que pour les utilisateurs.
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