Les dilemmes américains de Vodafone

Il y a quelques jours, avant de s'engager dans les enchères pour racheter l'opérateur américain AT&T Wireless, Vodafone était confronté à un vrai dilemme. Actionnaire à 45 % de Verizon Wireless, numéro un du marché américain, fallait-il troquer cette participation juteuse mais minoritaire pour contrôler à 100% le numéro trois ? Aujourd'hui, après le rachat de AT&T Wireless par Cingular pour 41 milliards de dollars, Vodafone est désormais confronté à un autre dilemme. Doit-il rester, toujours minoritaire, dans Verizon Wireless qui, de plus, a cédé sa place de leader derrière le nouvel ensemble?En cinq ans, Vodafone n'a pas raté grand chose. Exemple d'une formidable réussite industrielle, l'opérateur britannique s'est construit à partir d'acquisitions successives qui lui ont donné une dimension mondiale. Il a même plutôt bien traversé le marasme du secteur des télécoms en ayant fait ses emplettes en actions, tout en cédant des actifs pour du sonnant et du trébuchant.Mais, dans la nouvelle configuration du marché américain, les actionnaires de Vodafone pressent manifestement ses dirigeants de clarifier leur stratégie outre-Atlantique. Le statu quo paraît en effet difficile car Vodafone peut difficilement continuer à se prétendre satisfait d'un partenariat avec Verizon dans Verizon Wireless, alors qu'il était prêt à le rompre. Et quand bien même il s'en contenterait, il se murmure que l'accord de partenariat arrive à échéance l'année prochaine et que Verizon entend le renégocier dans des conditions qui pourraient réduire le milliard de dollars de cash que Vodafone retire des Etats-Unis.Beaucoup plaident donc pour mettre un terme à ce tandem qui, par ailleurs, n'offre que peu de synergies avec les services européens de Vodafone en raison des différences de norme technologique. Mais, dès lors, que faire? Renoncer à être présent sur un marché américain au potentiel de croissance significatif paraît difficile. Autant renoncer à être mondial pour Arun Sarin, le patron de Vodafone, qui a par ailleurs longtemps dirigé les opérations américaines de l'opérateur. Aux Etats-Unis, les proies attractives ne sont en outre plus très nombreuses. Il reste donc à viser beaucoup plus gros comme l'opérateur longue distance Sprint - pour mettre la main sur sa filiale mobile PCS -, Verizon - pour s'emparer de la totalité de Verizon Wireless -, ou SBC - pour détenir la majorité dans Cingular. Mais, de telles hypothèses, qui ont déjà germé dans les esprits de plusieurs financiers, représentent des deals à près de 100 milliards de dollars. Une belle somme, même pour Vodafone qui avait croqué Mannesmann en 1999 pour 177 milliards d'euros. Et même si au bout il y a un empire planétaire.
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