L'économie allemande à la peine

Engagée, la reprise allemande demeure encore trop faible pour permettre à la première économie mondiale de résorber certains déséquilibres comme le trou de ses finances publiques. Dans leur rapport de printemps, les six grands instituts de conjoncture allemands sont formels: le déficit public outre-Rhin va encore dépasser en 2005, pour la quatrième année consécutive, la limite de 3% du produit intérieur brut fixée par le Pacte européen de stabilité et de croissance. Le déficit devrait encore atteindre 3,5% du PIB en 2005, après 3,7% en 2004. Dans leur rapport d'automne en octobre, les instituts tablaient pour l'année en cours sur un déficit moindre, de seulement 3,5% du PIB. Ces prévisions sont nettement moins optimistes que celles affichées par Berlin. Le gouvernement allemand espère toujours officiellement rentrer dans les clous du pacte en 2005, avec un déficit à 2,5% du PIB après 3,9% en 2003 et 3,3% en 2004, selon ses dernières prévisions. Mais ces objectifs sont mis en péril par une reprise conjoncturelle qui s'annonce plus faible que prévu. Alors que l'équipe du Chancelier Schröder compte officiellement sur une progression du produit intérieur brut (PIB) comprise entre 1,5% et 2% cette année, les six instituts ont pour leur part revu en baisse leur pronostic à 1,5%, contre encore 1,7% dans leur rapport d'automne. Pour justifier ce changement d'appréciation, ils invoquent en particulier l'influence de l'euro fort, à cause duquel "la dynamique de la conjoncture mondiale ne se ressent que de manière amortie sur les exportations". "Cet obstacle va perdre en signification vers la fin de l'année 2004", jugent-ils, mais une reprise puissante reste malgré tout "improbable" l'an prochain "avant tout parce que la consommation privée est paralysée": les instituts attendent une croissance d'également 1,5% en 2005. Cette croissance modérée n'aura qu'un impact limité sur le marché du travail. Selon les instituts, "au vu de l'expansion conjoncturelle encore contenue, une amélioration sensible de la situation sur le marché du travail n'est pas encore en vue", et le chômage ne devrait que très peu reculer à 4,276 millions de personnes en moyenne en 2005 après 4,332 millions en 2004. Dans ce contexte, les six instituts écartent le risque d'une valse des étiquettes, estimant que l'inflation devrait se maintenir à un niveau faible. Et de pronostiquer une hausse de 1,2% en 2005 après 1,3% en 2004 et 1,1% en 2003. Cette sagesse attendue de l'inflation dans un environnement caractérisé par une croissance molle devrait alimenter le débat sur l'attitude de la Banque centrale européenne (BCE). Certains y verront des arguments pour à nouveau réclamer une baisse des taux d'intérêt dans la zone euro. Mais pour l'instant, les dirigeants de la BCE ne paraissent guère pressés de bouger. Devant les parlementaires européens, le président de l'institut de Francfort a indiqué que "même si les données économiques récemment publiées ont été mitigées, nous continuons à miser sur une reprise graduelle, sur la poursuite d'une croissance, bien que modeste, du PIB de la zone euro". Pour l'avenir, le Français a paru un peu plus optimiste. "Les conditions permettant à la reprise de se poursuivre en 2004 et de gagner en vigueur avec le temps restent en place", a-t-il assuré, en évoquant la forte demande mondiale et en se disant persuadé de voir la consommation intérieure, aujourd'hui anémique, repartir à terme. Tout ceci plaide en faveur d'un statut quo monétaire.
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